Née de parents algériens et en même temps caution morale de l’extrême droite, tout le monde savait que ça ne pouvait pas durer. Trop antinomique. Surtout avec tout ce que la cheffe de file du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, jette à la face de l’Algérie et des Algériens. Il y a des limites à ce que la conscience peut endurer, même si on fait tout pour l’étouffer. Malika Sorel-Sutter, numéro 2 de la liste RN aux dernières élections européennes, est allée au bout de ce qu’elle pouvait supporter. Elle a quitté ses camarades du Parlement européen…
Revanchards, ses ex-compagnons réclament sa tête : ils exigent qu’elle démissionne carrément. Ils ne veulent plus voir sa tête dans les parages. Le RN ne changera jamais, il ne sera jamais un parti comme tous les autres, que Mme Le Pen ait ravalé la façade laissée par papa (le Front national, FN) ou pas.
Malika Sorel a tenu moins d’un an. L’affaire a été ébruitée par “Libération”, qui décidément rejoue avec brio son rôle de journal de gauche. La dame a confirmé sur son compte X (ex-Twitter) le 19 avril 2025 qu’elle n’est plus dans les rangs de Jordan Bardella à Strasbourg. L’essayiste a même clamé qu’elle n’a «jamais été membre du Rassemblement national» ; elle est «déçue» par son expérience d’eurodéputée, elle qui «pensait pouvoir être utile à la France».
Elle fait partie du groupe «Patriotes pour l’Europe», monté par le Premier ministre hongrois Viktor Orban et qui compte des personnages infréquentables. L’aventure a viré en «inconfort croissant», installé par «une logique de groupe oppressante qui impose de renoncer à tout degré de liberté et annihile toute possibilité de réflexion intellectuelle», a dénoncé Mme Sorel. Ce qu’elle dit porte la marque du fascisme. Tout cela ne fait pas bon ménage avec l’intellectuelle de haut rang qu’elle est. Elle a fini par en tirer les conséquences.
Mais le Parlement européen a indiqué sur son site Web que l’eurodéputée est toujours membre de «Patriotes pour l’Europe», mais «sans parti». Un retrait que ne digèrent pas certains cadres lepénistes, ils veulent que la Franco-Algérienne largue les amarres. «Aujourd’hui, vous vous dites déçue. Soit. Mais ce n’est pas le Rassemblement national qui a changé depuis l’élection, c’est votre position personnelle. Et la moindre des cohérences, quand on rejette totalement un mandat, c’est de le rendre à ceux qui vous l’ont confié», a asséné le député RN Lionel Tivoli.
D’autres attaques sont encore plus virulentes : «Par ce choix, vous donnez raison à tous ceux qui ne voyaient en vous qu’une opportuniste sans colonne vertébrale. […] Par dignité, Madame, démissionnez», a taclé le député José Beaurain. L’élu Christophe Barthes va jusqu’à traiter Malika Sorel d’«espèce de malhonnête».
Rappelons que la dame a vu le jour en France, elle a vécu 15 ans en Algérie et y a décroché son diplôme d’ingénieure (école polytechnique d’Alger). Elle a été formée à Sciences Po Paris et a été membre du Haut Conseil à l’intégration sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Elle avait provoqué un profond émoi en mars 2024 en ralliant le RN pour le scrutin européen. Mme Sorel disait qu’elle voulait prendre part «à la recomposition française»…
C’était d’autant plus choquant qu’elle était dans le camp d’un ancien Premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin, deux hommes réputés pour leur intransigeance avec l’extrême droite. Donc on dira que le mini départ de l’essayiste franco-algérienne est dans l’ordre naturel des choses et que le bon sens voudrait qu’elle pose des actes encore plus spectaculaires après ce mariage avec le RN qui défie toute logique.
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