«On ne peut pas continuer comme ça». C’est par ces mots que l’ancien ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a pointé ce jeudi 4 avril l’urgence de sortir du face-à-face sanglant entre Israël et le Hamas. , Selon Le Drian une des voies pour casser le cycle infernal de la violence est que la France reconnaisse formellement l’État palestinien, une manière de mettre la pression sur Israël pour divorcer avec la logique de la destruction totale de Gaza.
«À titre personnel, je pense qu’il faudrait le faire», a argué sur Sud Radio l’ancien chef de la diplomatie française, désigné Envoyé spécial du président Emmanuel Macron au Liban. Il a ajouté qu’il faut «poser des actes de ce type pour avancer en Israël» car on «ne peut pas continuer comme cela». C’est la même position défendue dès novembre 2023 par l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin
La solution à deux Etats coexistant pacifiquement, avec des Israéliens et des Palestiniens qui reconnaissent mutuellement leurs droits, est un vieux rêve de la communauté internationale. Quelque 140 pays ont reconnu unilatéralement l’État palestinien mais aucun membre du G7 (les 7 pays les plus avancés) n’a sauté le pas. Imaginez le séisme géopolitique dans le monde si la France se jetait à l’eau…
Le président américain, Joe Biden, sans doute pour forcer la main du Premier ministre israélien Netanyahu Benjamin, a commencé à travailler sur l’instauration d’un Etat palestinien dès novembre 2023. Mais voilà, Washington n’en parle plus depuis, ce qu’on voit et entend surtout c’est un soutien indéfectible à l’Etat hébreu en dépit des indignations de principe.
Par contre l’Espagne, qui a des liens historiques avec la Palestine, a dévoilé ses intentions. En début de semaine le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a clairement dit que Madrid reconnaîtra l’État palestinien avant l’été. Le 22 mars 2024, en marge d’un sommet européen à Bruxelles, Sanchez et ses homologues irlandais, maltais et slovène ont signé une déclaration commune dans laquelle ils se disent «prêts à reconnaître la Palestine» si «cela peut apporter une contribution positive» à la résolution du conflit israélo-palestinien et si «les circonstances sont réunies».
A noter qu’en février dernier le président Macron avait clamé que la reconnaissance d’un État palestinien n’est «pas un tabou». Reste à savoir ce qu’il est disposé à faire pour affronter le courroux de Netanyahu. On rappelle juste que le chef de l’Etat français a affirmé son appui sans réserves à Israël le soir de l’attaque sanglante du Hamas. Puis Paris a rééquilibré la balance en organisant une Conférence humanitaire internationale pour le compte des populations de Gaza…
Pour finir Macron a sensiblement changé de ton pour pacifier une société française qui est prise par le fièvre à chaque fois que la tension monte au Proche-Orient. De là à penser que le président de la République est prêt à aller plus loin – reconnaître un Etat palestinien – pour imposer à Israël la logique de la paix avec les voisins il n’y a qu’un pas…que nous ne franchirons pas.
En tout cas Le Drian lui y croit. «Il faut maintenant que les Israéliens sortent de leur isolement parce qu’ils vont se mettre au ban de l’ensemble de la communauté internationale, ce qui n’est pas le but recherché», a plaidé l’ancien ministre des Affaires étrangères face à un «tournant» au Proche-Orient. On verra s’il sera en mesure d’embarquer Macron dans cette aventure…
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