L’administration américaine ne le crie pas sur les toits mais elle est très mal à l’aise avec ce qu’Israël fait en ce moment à Gaza. Le président Joe Biden a été piégé par le serment historique qui lie les USA à l’Etat hébreu, mais surtout par son engagement réitéré de ne jamais lâcher Israël, quoi qu’il en soit. Ce ‘quoi qu’il en soit’ implique aussi le mutisme face aux crimes de guerre massifs commis par l’Etat d’Israël et qui lui vaudra des plaintes devant la Cour pénale internationale (CPI). Mais il ne faut pas croire que Biden se vautrera dans ce funeste statu quo, il trace déjà un autre avenir pour Israël, la Palestine, le Proche-Orient. Un avenir qui rimera avec paix. Et d’après le correspondant de France 24 à Washington la Maison Blanche travaille déjà sur l’après-Benjamin Netanyahu…
Les Américains n’étaient pas très populaires dans le monde arabe, auprès des opinions publiques je veux dire, pour les liens troubles avec les dirigeants c’est autre chose. Le monde arabo-musulman n’était pas en odeur de sainteté aux Etats-Unis après les attaques du 11 septembre 2001, les Américains ne l’étaient pas plus chez les Arabes après la riposte aveugle et sanglante en Afghanistan en 2001 puis en Irak en 2003. La même histoire se répète avec les atrocités signées par Tsahal à Gaza, avec la bénédiction contrainte des Américains.
Mais avant d’être un problème dans le monde arabe ça l’est d’abord pour la survie politique du président américain. Le correspondant de France 24 à Washington, Matthieu Mabin, a confirmé hier mercredi 22 novembre dans la soirée ce que les sondages disaient déjà : Même l’électorat démocrate, surtout les minorités, pense que Biden en a trop dit et fait pour Israël, et ce parti pris manifeste aura un coût électoral en 2024…
Le journaliste a ajouté que par exemple pour les Noirs américains le combat des Palestiniens leur rappelle la longue lutte pour se défaire de la ségrégation raciale aux USA. Ces choses-là comptent beaucoup et le président ne l’ignore pas, lui qui reproche justement à la société américaine de ne pas assumer les pages les plus sombres de son histoire. Biden ne peut pas professer une chose chez lui et détourner les yeux quand la chose se produit ailleurs.
Même la plupart des Juifs américains, qui votent majoritairement démocrate, sont en désaccord total avec les choix du va-t-en guerre Netanyahu. Cette voix-là aussi le président américain devra l’entendre. Ses chances à la présidentielle face à son grand rival Donald Trump en dépendent mais également le devenir de son pays dans le monde arabe, en Afrique et ailleurs.
La seule promesse forte du Premier ministre israélien durant sa campagne électorale c’était la sécurité de l’Etat hébreu. Il ne l’a pas tenue et politiquement il ne survivra pas à ce qu’a fait le Hamas le 7 octobre dernier, il ne survivra pas à ce que son gouvernement n’a pas fait pour protéger ses citoyens. Et les tonnes de bombes que Netanyahu largue sur les civils à Gaza et qu’il promet d’augmenter dès la fin de la trêve de 5 jours ne changeront rien à sa tragique destinée…
L’autre promesse qu’avait faite Netanyahu c’est aucun accord de paix avec les Palestiniens et encore moins un Etat digne de ne nom. Il voulait se borner à récolter les fruits des Accords d’Abraham (signés en 2020) sortis de la tête de Trump, lesquels organisent la normalisation avec les pays arabes mais enjambent complètement la question palestinienne. Cette dernière est revenue comme un boomerang, les USA devront écrire cette page sans Netanyahu et sa cohorte de six partis qui vont des extrémistes de droite aux radicaux religieux.
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