Les tensions au Parlement français sont le reflet du grand embarras au sein de la société française : l’exécutif a très tôt pris fait et cause pour Israël après l’attaque du 7 octobre et la Justice punit ceux qui sortent du cadre fixé par la circulaire du ministre ; en face les citoyens sont divisés, entre pro-israéliens et pro-palestiniens. Le 14 novembre 2023 le député Renaissance (le parti présidentiel) Mathieu Lefèvre, président du groupe d’amitié France-Israël, avait organisé à l’Assemblée nationale la projection d’un film sur l’assaut sanglant du Hamas. Le député Aymeric Caron, du mouvement Révolution écologique pour le vivant (REV), allié à La France insoumise (LFI), propose d’équilibrer la balance en visionnant un film sur les «atrocités» perpétrées à Gaza.
D’après le Parisien et RMC l’élu de la 18e circonscription de Paris a même mobilisé une équipe de bénévoles arabophones, qui a entamé le commentaire du montage. La vidéo est faite d’images dont la plupart sont captées dans les réseaux sociaux. 25 minutes d’images ont déjà été compilées dans ce film et le montage n’est pas encore terminé.
«Beaucoup de gens ne voient pas ce qui se passe à Gaza. Il n’y a pas d’envoyés spéciaux. Il faudrait que les parlementaires voient les images des atrocités de l’armée israélienne, des enfants amputés à vif, des mères éplorées», argue Aymeric Caron sur RMC. «Je voudrais que le montage fasse quarante minutes, qu’il soit journalistiquement irréprochable en datant et sourçant chaque image», a confié au Parisien l’ancien chroniqueur de Laurent Ruquier, sur France 2.
Rappelons que 40 minutes c’est la durée du film insoutenable sur l’attaque du Hamas en Israël, des images qui avaient été visionnées sans commentaires par un groupe de députés dont Aymeric Caron. Mais ce dernier, qui connait bien les ficelles du métier, veut faire les choses autrement pour donner plus de force à son film. Il a approché dans ce sens le député MoDem Richard Ramos, président du groupe d’étude France-Palestine, dont l’écologiste est également membre…
Sauf que Ramos «temporise», il criant sans doute un retour de manivelle de la part de la majorité présidentielle – rappelons que le Modem en fait partie – ou des élus acquis à la cause d’Israël. Mais il se dit que quoi qu’il en soit Aymeric Caron est déterminé à aller au bout de son projet, quitte à organiser lui-même au Parlement la projection du film sur Gaza. Ce qui est certain c’est que l’affaire promet des débats passionnés et enflammés dans les rangs des députés, et ailleurs.
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