Ils sont en roue libre, complètement. Je parle des racistes, des xénophobes. Ils sont d’autant plus décomplexés que le pays tout entier vire vers l’extrême droite, avec un Rassemblement national (RN) plébiscité – disent les sondages – pour régler les problèmes du pays, et vous devinerez aisément le premier problème de beaucoup de Français : les étrangers et les citoyens d’origine étrangère. Aya Nakamura, la chanteuse française la plus écoutée dans le monde, ne pensait pas qu’après tout ce qu’elle a fait pour son pays elle serait à son tour victime d’un déluge d’attaques racistes. Son malheur a commencé quand le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, lui a demandé de chanter Édith Piaf lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, le 26 juillet prochain…
L’information a été donnée par le journal L’Express, jusqu’ici elle n’a pas été confirmée ni par la présidence de la République ni par la chanteuse franco-malienne. De toute façon Macron ou pas ça n’aurait rien changé à cette bêtise humaine qui étreint la République et ses valeurs. Depuis que le nom Aya Nakamura a été lâchée la star fait l’objet de commentaires d’une violence inouïe. Dimanche 10 mars la chanteuse a été copieusement huée lors d’un premier grand meeting de campagne pour les élections européennes du parti Reconquête!, la formation du tristement célèbre Eric Zemmour, condamné pour injure et provocation à la haine.
L’artiste a aussi été vilipendée par une banderole d’un groupuscule d’ultradroite, Les Natifs. «Y’a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako !», mentionne ce message, en allusion à son tube planétaire «Djadja», qui affiche plus de 950 millions de vues sur YouTube.
Après cette publication la chanteuse a posté sur les réseaux sociaux qu’ils «[pouvaient] être racistes mais pas sourds». Elle a reçu beaucoup de messages de soutien, parmi eux celui de l’artiste Dadju qui pointe des «arguments de CM1 (…). C’était même pas un combat mais [maintenant] faut qu’elle chante, nous, on va soutenir. C’est pas Bamako, c’est pas Bamako. Bande de chiens», a pesté le chanteur sur X.
La classe politique a également réagi, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a écrit sur X «peu importe comme on vous aime, chère Aya Nakamura, foutez-vous du monde entier. Avec vous». Le premier adjoint à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire, s’est insurgé contre une «attaque ignoble»…
«Ils prétendent aimer leur pays, mais ils veulent en exclure la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde depuis Édith Piaf. On ne peut pas être raciste et patriote en France», a commenté le député de La France insoumise Antoine Léaument.
Le comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 a également clamé son soutien à Aya Nakamura hier lundi 11 mars : «Nous avons été très choqués par les attaques racistes visant Aya Nakamura ces derniers jours. Total soutien à l’artiste française la plus écoutée dans le monde»…
Reste à savoir si les organisateurs des JO de Paris plieront face à la bronca en retirant Aya Nakamura du programme. «Ça laissera place à deux fois plus de surprises», s’est borné à dire le comité d’organisation. On peut supposer que le comité va enfoncer le clou en invitant un autre chanteur black en plus de Nakamura… Enfin, on verra bien.
En attendant le poison qui fait que de plus en plus de cadres étrangers quittent la France continue de courir : 63% des citoyens ne veulent pas de la Franco-Malienne pour ouvrir les JO, d’après un sondage livré par France 24.
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