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France : L’imam tunisien “Ennemi public n°1” ou “agneau du sacrifice” pour l’extrême droite?

France : L’imam tunisien “Ennemi public n°1” ou “agneau du sacrifice” pour l’extrême droite?

L’expulsion de l’imam tunisien Mahjoub Mahjoubi fait partie des sujets phares dans les médias français en ce moment. Son avocat, Me Samir Hamroun, est monté au front ce mardi 20 février, sur BFMTV. Rappelons que son client est sous le coup d’un retrait du permis de séjour, ordonné par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, pour cause d'”appels à la haine“…

Me Hamroun s’insurge : “L’honneur et la dignité d’un homme sont jetés en pâture depuis hier. Monsieur Mahjoubi est présenté comme l’ennemi public numéro un, comme s’il faisant partir d’une organisation terroriste“. Il parle d’une “manœuvre politique (…). On veut utiliser Mahjoub Mahjoubi pour poursuivre un combat (…). Comment peut-on suggérer ou penser une seule seconde qu’il a voulu, par ce propos, porter atteinte au drapeau tricolore et aux valeurs républicaines. C’est absolument incompréhensible et ça fait partie d’une manœuvre politique“, martèle l’avocat de l’imam tunisien.

Par ailleurs il brandit la maîtrise de la langue française comme une explication à la maladresse de l’homme de religion. “Il est en France depuis quelques années, mais n’a pas une maîtrise parfaite de la langue française. Vous avez un Français compréhensible mais pas une maîtrise de la dialectique parfaite. ‘Diabolique’ n’a aucun lien avec le drapeau tricolore français, c’est le nationalisme, la désunion qui est visée“, argue Me Hamroun…

On devrait se féliciter qu’un imam tienne ces propos“, ajoute-t-il.

Mais le préfet du Gard, Jérôme Bonet, ne l’entend pas de cette oreille. Il a redit ce mardi que “plusieurs prêches” récents de l’imam tunisien de la mosquée de Bagnols-sur-Cèze sont bel et bien des “appels à la haine” et ne peuvent être considérés comme un banal “lapsus“. “Oui, évidemment, il y a appel à la haine“, a-t-il dit sur Franceinfo, et “ce n’est pas que cet extrait de vidéo qui a justifié la réaction du ministre de l’Intérieur“, indique-t-il…

Le préfet du Gard a déclaré sur la même radio que la mosquée de Bagnols-sur-Cèze, “probablement à la dérive“, est sous surveillance depuis plusieurs mois. Cette “dérive est consacrée par plusieurs prêches récents“, répète-t-il.

Bon, il revient à la justice de trancher définitivement sur cette affaire. Mais il n’est pas certain que Darmanin s’embarrasse de ces considérations. Rappelons que récemment il a fait expulser un Ouzbek sur la base de simples présomptions de radicalisation. Pire : Deux décisions de justice – le Conseil d’État et la Cour européenne des droits de l’Homme – ont demandé aux autorités françaises de ramener l’Ouzbek puisqu’aucun élément matériel ne l’incrimine formellement…

Aux dernières nouvelles l’homme n’est toujours pas revenu en France. Il semble que les gages de fermeté promis par Darmanin en décembre dernier l’emportent sur tout le reste : la Justice, les droits de l’Homme et tout le toutim. Et encore plus à quelques encablures des élections européennes – en juin 2024 – que l’extrême droite pourrait gagner haut la main (à en croire tous les sondages). La majorité présidentielle fera feu de tout bois pour braconner sur les terres de Marine Le Pen, quitte à fouler au pied quelques valeurs fortes de la République.

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