Economie

Grève de l’INS : La Tunisie sans chiffres

Grève de l’INS : La Tunisie sans chiffres

L’Institut national de la statistique (INS) a cessé d’émettre des indicateurs mensuels périodiques qu’il publie au début de chaque mois, et a également suspendu toutes les enquêtes économiques de terrain, en raison du sit-in des fonctionnaires, pour la deuxième semaine consécutive.

Ce mois-ci, l’Institut national de la statistique n’a pas été en mesure de publier les données mensuelles relatives au taux d’inflation et à l’indice de la consommation des ménages pour le mois de janvier, censé être publié le 4 février courant.

Selon le secrétaire général du Syndicat des fonctionnaires de l’Institut national de la statistique, Mahdi Hlali, le retard accusé dans l’application des accords signés par le gouvernement avec le syndicat concernant le statut administratif et professionnel des fonctionnaires a provoqué une vague de protestations au sein du l’Institut, avec l’arrêt de tous les travaux statistiques de terrain en cours aux niveaux central et régional.

Hlali a expliqué que le retard dans la mise en œuvre des accords incombe au ministère de l’Économie et de la Planification, ce qui a provoqué la colère des fonctionnaires qui attendent depuis des années de nouvelles dispositions dans leur statut. Dans une déclaration à la presse, Hlali a déclaré que « toutes les enquêtes et statistiques mensuelles, trimestrielles sont actuellement suspendues jusqu’à nouvel ordre, et l’institut ne publiera aucune donnée liée aux indicateurs économiques ».

Les revendications des fonctionnaires sont centrées sur le règlement du statut des vacataires, le décaissement des promotions suspendues depuis des années, le décaissement des indemnités également suspendues et la titularisation des agents non titularisés.

Le secrétaire général du Syndicat des fonctionnaires a confirmé qu’avant la suspension des travaux, les services de l’Institut étaient en train de mener des enquêtes à grande échelle dont les résultats sont censés être publiés pour aider à préparer le plan de développement du pays.

Selon la même source, l’institut est en train de mener une enquête sur la consommation et les dépenses des ménages, dont les résultats sont publiés tous les cinq ans, en plus de l’enquête sur les indicateurs du chômage et des enquêtes économiques menées auprès de diverses institutions économiques, qui sont toutes des données approuvées par les autorités, les institutions financières internationales et les agences de notation dans leurs rapports sur la Tunisie.

Il y a quelques jours, le directeur général de l’Institut, Adnan laswad, a présenté sa démission. L’Institut national de la statistique a été critiqué par les milieux économiques et les experts du domaine pour ne pas avoir mis à jour sa méthodologie de travail, ce qui se traduit par des indicateurs qui ne reflètent plus la réalité de la situation, notamment en ce qui concerne les taux d’inflation.

Pendant des années, les méthodes de calcul des indicateurs économiques et sociaux ont soulevé des questions sur leur exactitude. En 2017, la méthode de calcul du taux de pauvreté a suscité un grand débat au parlement tunisien, après que les parlementaires ont remis en cause les taux officiels annoncés par l’Institut national de la statistique.

Des élus du Parlement gelé ont accusé l’ancien directeur général de l’Institut national des statistiques, Mohammed Fadhel Ben Omrane, d’avoir manipulé les chiffres concernant le taux de pauvreté entre 2010 et 2015, estimant qu’il est absurde de parler d’une diminution de ce pourcentage de 20,2% en 2010 à 15,5% en 2015 au moment où le pays vit des difficultés économiques, qui ont conduit à la chute d’une partie importante de la classe moyenne dans la pauvreté.

Rappelons que l’Institut national de la statistique est un établissement public tunisien, créé en 1969, et ses compétences administratives relèvent du ministère de l’Économie et du Plan. Ses fonctions comprennent la collecte, le traitement, l’analyse et la publication d’informations statistiques sur le pays, en coordination avec d’autres structures publiques de statistiques, ainsi que la réalisation de recensements de la population, d’enquêtes démographiques, sociales et économiques et l’élaboration de statistiques extraites de divers fichiers administratifs.

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