Economie

Ils seront “sauvés” par le gong du Qatar…

Ils seront “sauvés” par le gong du Qatar…

Le président de la République, Kais Saied et la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, avaient eu droit à leur trêve sociale et politique lors de la CAN 2022. Ils y auront droit de nouveau au Mondial 2022 au Qatar, et même plus, on parle tout de même de la fête mondiale du football, un rendez-vous qui impose à tout le monde, dans le monde entier, une cessation des hostilités le temps d’une communion autour du ballon rond. Après ça le déluge…

La conjoncture qui avait précédé la CAN était mauvaise en Tunisie mais le football avait fait son effet habituel “d’opium du peuple” et l’exécutif avait pu passer entre les gouttes, couvert par l’exaltation populaire autour du sport. Après la parenthèse enchantée les problèmes ont repris leurs droits et son montés crescendo depuis. Au point que très régulièrement des bruits persistants sur le départ de Bouden ont couru. Elle est toujours là, se cramponnant à son fauteuil, plus effacée et plus amorphe que jamais…

Le tableau général s’est assombri depuis, sur fond de musique lancinante de la pénurie à tous les niveaux en dépit des assurances des autorités, de coût affolant de la vie, par la faute aussi de commerçants véreux et de grossistes qui ne reculent devant aucune ignominie pour s’en mettre plein les poches. Bref, c’est ça la Tunisie de cette fin d’année. Mais tout ça Saied et Bouden n’en entendront pas beaucoup parler à partir du 20 novembre – début de la Coupe du Monde – jusqu’au 18 décembre 2022…

Ce qu’ils entendront ce sont les clameurs des citoyens dans les salons de thé et de café, autour des exploits sportifs, surtout si l’équipe nationale tunisienne crée la surprise – après tout c’est toujours possible. Le chef de l’Etat et la cheffe de gouvernement n’entendront pas beaucoup les jérémiades des Tunisiens autour de l’inflation. Noureddine Taboubi ne viendra pas troubler le sommeil de l’exécutif avec ses assauts répétés contre la suppression des subventions. Saied et Bouden n’entendront pas le barouf d’enfer des acteurs de la scène politique locale…

En parlant de politique, hasard des calendriers – ou pas d’ailleurs : Le pic de la campagne électorale et tout le tintamarre que promet l’opposition auront justement lieu en pleines festivités sportives, de quoi éclipser les protestations outrées de Abir Moussi, Rached Ghannouchi – s’il n’est pas ferré par la justice entre temps – et compagnie. A noter que la petite finale de la Coupe du Monde aura lieu le jour du premier tour des législatives en Tunisie, le 17 décembre 2022. De qui dégonfler très sérieusement la fronde anti-Saied…

Et après tout ça ? Et bien après ça les pépins du pays reprendront le terrain perdu. Rappelons qu’il n’y a toujours pas de Loi de finances complémentaires pour 2021, le gouvernement reculant sans doute devant l’obligation de révéler aux partenaires, surtout le FMI – s’il ne le sait pas déjà – l’ampleur du trou budgétaire et par là même la mauvaise santé financière du pays. Et je ne vous parle même des 19 milliards 350 millions de dinars de financement étranger qu’il faut pour boucler le budget de cette année. Une affaire qui dépendra en grande partie des négociations très complexes et ardues qui ont commencé à Washington samedi dernier…

Tout cela pour dire que les problèmes de Saied-Bouden ne feront que reculer durant le Mondial pour mieux sauter après…

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