Au Japon aucun écart n’est pardonné aux responsables, parfois ils sont éjectés de leurs postes pour de petites entorses à la morale et aux traditions, que dire en cas d’acte de corruption. En mars 2024 le parti de l’ex-Premier ministre Fumio Kishida avait connu une vague de démissions suite à une manifestation régionale qui avait heurté les Japonais. Les responsables locaux avaient invité des danseuses en bikini pour animer la cérémonie. Cette fois c’est un ministre qui est poussé vers la sortie après des propos malheureux sur le riz.
Le ministre de l’Agriculture, Taku Eto, a rendu son tablier ce mercredi 21 mai après avoir dit publiquement qu’il n’a nul besoin d’acheter du riz vu les quantités qui lui sont offertes par les citoyens. Dans un pays où le prix de cette denrée très prisée atteint des sommets cette confidence ne passe pas. «Je viens de soumettre ma démission au Premier ministre Shigeru Ishiba», a déclaré le ministre à la sortie du bureau du chef du gouvernement…
Ce dernier a immédiatement agréé cette démission «pour ne pas mettre à l’arrêt la politique agricole». Mais il l’a fait aussi pour stopper un scandale qui allait éclabousser tout le gouvernement, alors que la crise frappe et que le “pays du soleil levant” a perdu son rang de 3e économie mondiale (c’est l’Allemagne qui l’occupe, pour combien de temps?).
Eto a tenu ces propos lors d’un rassemblement public dimanche dernier, il a dit qu’il n’a «jamais acheté de riz parce que mes soutiens m’en donnent tellement que je pourrais pratiquement en vendre». Le ministre a heurté les citoyens, malmenés par la montée des prix dans l’alimentation, notamment le riz, dont les tarifs ont quasiment doublé sur un an.
Dernièrement le gouvernement japonais a été contraint de piocher exceptionnellement dans ses réserves stratégiques de riz, à cause surtout des mauvaises récoltes du fait des pics de chaleur en 2023 et des achats massifs provoqués par une alerte sur un «méga-séisme» l’été dernier.
Le ministre démissionnaire est monté au front lundi dernier pour tenter de se justifier, il a déclaré qu’il a exagéré sur les quantités qu’il stocke et que sa femme est très remontée contre lui. «Elle m’a fait remarquer qu’elle allait acheter du riz quand notre stock est épuisé», a confié l’ex-responsable. Mais ses explications n’ont pas convaincu…
Junya Ogawa, secrétaire général du principal parti d’opposition, le Parti démocratique constitutionnel du Japon, a déclaré que les remarques du ministre étaient «extrêmement inappropriées, distantes et intolérables».
Pour le Premier ministre les jeux sont faits, il a choisi Shinjiro Koizumi, 44 ans, pour remplacer Eto. Koizumi, qui a la cote auprès des médias, fut ministre de l’Environnement et il est le fils de l’ancien Premier ministre populaire Junichiro Koizumi. Ishiba attend du nouveau ministre qu’il obtienne des résultats face «à la flambée des prix du riz». On verra bien.
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