Economie

La crainte d’une explosion sociale derrière la revue à la baisse du prêt du FMI à l’Égypte

La crainte d’une explosion sociale derrière la revue à la baisse du prêt du FMI à l’Égypte

Des sources diplomatiques occidentales ont annoncé que le gouvernement égyptien a été contraint, sous l’influence de rapports de sécurité avertissant d’une éventuelle explosion populaire, de reporter la décision de lever définitivement les subventions sur le pain, les produits de base et l’énergie, ce qui a empêché de parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international dans le sens souhaité par le gouvernement égyptien.

Ces mêmes sources ont indiqué que les autorités en Égypte ont soumis des rapports au président Abdel Fattah Sissi, mettant en garde contre une colère populaire généralisée si le gouvernement prenait des mesures supplémentaires comme la suppression permanente des subventions compte tenu des prix déjà élevés des produits de base.

L’Egypte renonce à se conformer aux conditions du FMI

Dès que le prêt accordé par le Fonds monétaire international au gouvernement égyptien a été annoncé jeudi 27 octobre courant, après un marathon de négociations qui a duré environ 7 mois, des questions ont été posées quant à la diminution de la valeur du prêt à 3 milliards de dollars.

Le gouvernement égyptien était sur le point de mettre en œuvre toutes les conditions du FMI, y compris l’annulation des subventions, afin d’obtenir le prêt, qui était estimé à 20 milliards de dollars, mais il a reculé à la dernière minute, sur la base des directives présidentielles, en raison de la peur d’une éventuelle colère populaire.

L’une des principales raisons de la décision du fonds de fixer le chiffre de 3 milliards de dollars « est liée à l’incapacité du gouvernement égyptien d’annuler la subvention apportée aux franges sociales les plus démunies du pays, notamment les subventions au pain », selon une source occidentale au courant des détails des négociations entre le gouvernement égyptien et la mission du fonds.

Risque d’explosion sociale

Des sources ont souligné que « la mission du fonds était de s’en tenir à la nécessité pour le gouvernement égyptien de présenter une approche plus stricte du dossier de subvention du pain, de l’alimentation et de l’énergie ». Ils ont précisé que « les responsables qui ont représenté le gouvernement égyptien lors des négociations ont souligné la difficulté de violer gravement ces dispositions en raison du fait que cela pourrait provoquer une crise politique plus profonde, affectant la paix sociétale et la stabilité politique ».

À la mi-juin, le ministre égyptien des Finances, Mohamed Maait, a déclaré que le nouveau budget comprend l’allocation de 356 milliards de livres (15 milliards de dollars) pour les subventions et la protection sociale, y compris l’allocation de 90 milliards de livres (environ 4 milliards de dollars) pour subventionner les produits alimentaires notamment le pain pour en assurer sa disponibilité pour environ 71 millions de citoyens, et 22 milliards de livres pour le programme « Solidarité et Dignité », qui comprend une augmentation des bénéficiaires du programme à quatre millions de familles.

Dimanche 30 octobre courant, le gouvernement égyptien a démenti les rumeurs de son intention d’annuler les subventions en nature pour le pain et de la transformer en aide en espèces, coïncidant avec la crise économique mondiale. Le ministère de l’Approvisionnement et du Commerce intérieur a confirmé la poursuite subvention en nature pour le pain tel qu’il est sans aucun changement, car le pain subventionné est distribué aux citoyens sur des cartes de rationnement à raison de 5 pains par jour pour chaque individu à un taux de 150 pains par habitant et par mois.

Rappelons que le Fonds monétaire international (FMI) a accordé trois milliards de dollars de prêt à l’Egypte, selon une annonce officielle du le gouvernement jeudi 27 octobre courant alors que la livre était dévaluée de 17% comme le réclamait l’institution internationale pour accorder cette rallonge au pays, où l’inflation est galopante. 

L’Egypte fait partie, selon l’agence de notation Moody’s, des cinq pays du monde les plus à risque de ne pas pouvoir rembourser leur dette extérieure, actuellement de plus de 150 milliards d’euros. 

L’inflation a atteint 15,3% en septembre, portée en particulier par les prix des denrées alimentaires. Et les Egyptiens redoutent l’autre grande réforme réclamée par le FMI : la refonte des subventions, qui assurent le panier alimentaire de plus de 70 millions d’entre eux au moment où le pays est secoué par une crise sociale et économique sans précédent le mettant au bord de l’explosion sociale, selon plusieurs observateurs.

 

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