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La stratégie égyptienne contre le marché noir de devises : entre dévaluation du Livre et initiatives bancaires

La stratégie égyptienne contre le marché noir de devises : entre dévaluation du Livre et initiatives bancaires

La dévaluation stratégique du Livre égyptien

En réponse à la crise économique persistante, la Banque Centrale d’Égypte a pris des mesures décisives, incluant la dévaluation du Livre égyptien, dans le but de stabiliser l’économie nationale et de combattre le marché noir des devises.

Des mesures incitatives pour attirer les investissements

Pour encourager les détenteurs de dollars à investir dans l’économie locale, des taux d’intérêt attractifs sont proposés sur les certificats de dépôt en Livre égyptien, surpassant significativement ceux disponibles pour les dépôts en dollars américains.

Les taux proposés atteignent 5,5 % aux États-Unis, 7 % pour les certificats de dépôt dollar émis par les banques égyptiennes, et jusqu’à 9 %, 30 %, 25 %, et 20 % pour les certificats en Livre égyptien sur trois ans.

Approfondissement sur le marché noir et les efforts de lutte

Le marché noir des devises en Égypte a longtemps constitué un défi majeur pour l’économie nationale, offrant des taux de change parallèles qui ont pu, par moments, significativement dépasser les taux officiels. Cette disparité est née d’un écart entre l’offre et la demande de devises étrangères, exacerbée par des restrictions sur les changes et une confiance fluctuante dans la monnaie nationale. La situation a été particulièrement tendue avant l’intervention récente de la Banque Centrale, avec le marché noir florissant dans un contexte de pénurie de dollars et d’incertitude économique.

La dévaluation du Livre égyptien par la Banque Centrale en trois phases stratégiques, couplée à l’augmentation des taux d’intérêt et l’introduction de certificats de dépôt à haut rendement, visait à atténuer ces tensions en stimulant l’offre de devises étrangères dans le circuit officiel. Ces mesures cherchent à rendre les investissements en Livres égyptiens plus attrayants, incitant les détenteurs de devises étrangères à les convertir et, ainsi, à réduire la demande sur le marché noir.

Les efforts gouvernementaux pour contrer le marché noir n’ont pas été limités aux politiques monétaires. Des campagnes de sécurité ont été intensifiées, visant les opérations de change illégales et la détention non déclarée de grandes sommes en devises étrangères. Ces actions, bien qu’efficaces à court terme, ont soulevé des questions quant à leur légalité et leur impact sur la confiance des investisseurs. L’approche a été de faire respecter la réglementation existante tout en s’attaquant aux causes profondes du marché noir, notamment par le renforcement de l’économie formelle et la restauration de la confiance dans les institutions financières.

La réponse à ces initiatives a été mitigée. D’une part, elles ont conduit à une baisse notable du taux de change sur le marché noir, passant de près de 70 Livres pour un dollar à environ 40-50 Livres, et même moins suite à l’injection de liquidités en dollars par les aides internationales et les mesures incitatives.

D’autre part, la persistance du marché noir souligne l’importance cruciale de la confiance dans la monnaie nationale et la stabilité économique globale. Sans la confiance des acteurs économiques dans la capacité des banques à fournir des devises étrangères à des taux compétitifs, et sans une amélioration substantielle de l’économie sous-jacente, le marché noir reste une tentation pour ceux qui cherchent à maximiser leurs retours ou à contourner les restrictions financières.

Le soutien international et ses effets sur le marché

Grâce à l’aide financière promise par les Émirats arabes unis, l’Égypte voit une légère amélioration de sa situation monétaire, avec un engagement de 24 milliards de dollars, dont 10 milliards sont déjà parvenus, aidant à réduire la pression sur le marché noir et stabilisant le taux de change autour de 40 à 50 et 55 livres pour un dollar dans le marché parallèle.

Défis économiques et stratégies de stabilisation

Face à un déficit dollar important estimé à 29 milliards de dollars et des besoins accrus en importations estimés à 7 milliards de dollars par mois, l’Égypte cherche des solutions durables pour stabiliser son économie.

L’Égypte progresse dans sa lutte contre le marché noir et s’efforce de stabiliser son économie. La route vers une stabilité durable est complexe, nécessitant des mesures pour assurer une offre suffisante de devises étrangères et instaurer une confiance durable dans les politiques économiques du pays.

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