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La visite qu’attendaient Ghannouchi, Chebbi, Chaouachi…, ça va faire pleurer dans les chaumières

La visite qu’attendaient Ghannouchi, Chebbi, Chaouachi…, ça va faire pleurer dans les chaumières

La Tunisie reçoit du beau monde ce lundi 11 avril. En effet une délégation de parlementaires européens fait route en ce moment même vers Tunis. Ces députés, qui appartiennent à la Commission des affaires étrangères du Parlement européen, vont séjourner parmi nous jusqu’au 14 avril 2022. Trois jours ne seront pas de trop pour se faire une nette idée des problèmes structurels et conjoncturels de la jeune démocratie mais surtout pour lire dans le jeu du chef de l’Etat, Kais Saied. Les députés européens vont également prendre langue avec la société civile et les partis politiques, histoire de recueillir tous les sons de cloche. Inutile de vous dire que l’opposition a déjà fourbi ses armes pour assombrir le plus possible les actes posés par l’occupant du palais de Carthage…

Il n’y a pas de doute là-dessus, ce voyage est une pression de plus sur les épaules du président de la République. Lui et le gouvernement de Najla Bouden devront s’expliquer sur leur feuille de route, sur les bruits autour des brimades contre les opposants, les ex-députés, les journalistes, etc. Les parlementaires européens ne descendent pas à Tunis avec une page blanche, ils ont certainement eu vent des remous à Tunis autour de la dissolution du Parlement et le passage de certains agitateurs devant les juridictions militaires. Ce sont des pratiques qui n’ont pas cours en Europe et donc forcément les heurtent, mais ils savant aussi qu’ils ont affaire à une démocratie en gestation qui a à peine 10 ans d’existence et encore sur le papier…

Tout l’enjeu de ce voyage c’est ça : Tenter de comprendre et accepter dans une certaine mesure les imperfections d’une jeune démocratie, qui est sans commune mesure avec les régimes européens dont certains sont assis sur des décennies d’expérience démocratique. Evidemment l’ex-président du Parlement désormais dissous, Rached Ghannouchi et toute sa clique, si tant est que les députés européens leur en donnent l’occasion, feront tout pour que les parlementaires soient le moins indulgents possibles avec Kais Saied…

Pour l’opposition le communiqué de la France suite à la dissolution officielle du Parlement avait sacrément l’allure d’une déconvenue, étant donné que la condamnation ferme qu’elle attendait n’est pas venue. Le communique de l’Union européenne (UE) signé par le chef de la diplomatie, Josep Borrell, reprend presque les mêmes termes que celui de la France. Donc là aussi aucune condamnation du coup fatal porté au Parlement, c’est une deuxième douche froide pour les opposants de Saied. Et même mieux – ou pire, c’est selon : il y a même un petit brevet de satisfecit pour “les progrès réalisés dans l’élaboration d’un programme de réformes économiques”. Bon, vu d’ici nous avons du mal à suivre les Européens car le programme de réformes reste un casse-tête entier pour l’exécutif, mais l’essentiel pour Saied c’est que l’UE lui accorde un préjugé favorable sur sa capacité à réformer le pays…

Reste une autre exigence de l’UE et que vont sans doute rappeler les députés européens en visite à Tunis : “un dialogue global impliquant tous les partis politiques” et organisations nationales. Pour le moment on n’en prend pas le chemin, au contraire. Alors comment les parlementaires européens vont réussir là tout et tout le monde ont échoué jusqu’ici ? Nous sommes curieux de le savoir…

Mais ce qu’il faut rappeler c’est que le partenaire européen avait confisqué une aide de 300 millions d’euros au motif que la trajectoire prise par chef de l’Etat tunisien est très problématique. Du voyage des députés européens dépend une partie des assurances qu’attendent le Conseil de l’UE et la Commission européenne. En ce moment le Conseil de l’UE est présidé par un “ami” de la Tunisie, le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron ; Tunis a intérêt à en profiter pour arracher tout ce qui peut l’être car le mandat de Macron à la tête de l’UE s’achève en juin, s’il parvient à se défaire de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle ce 24 avril…

 

 

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