L’accord est historique. Les créanciers internationaux ont accepté, après d’âpres négociations, d’effacer quasiment toutes les dettes de la Somalie, 4,5 milliards de dollars sur plus de 5 milliards au total, d’après les chiffres officiels. L’annonce a été faite hier mercredi 13 décembre par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM). Le but de ce plan est de donner aux Somaliens suffisamment d’oxygène pour amorcer leur développement économique et financer de nouveaux projets.
Pour l’un des pays les plus pauvres de la planète, englué dans une insécurité chronique, c’est une vraie aubaine, en plus de l’annonce de la BM sur les 15 milliards de dollars pour financer les pays africains qui brillent dans la transition vers les sources d’énergies renouvelables.
A noter que l’allègement du fardeau de la dette entre dans le cadre d’un programme dénommé Initiative en faveur des pays pauvres très endettés, un dispositif piloté par les institution de Bretton Woods. Grâce à ça l’endettement de la Somalie passera de 64% du PIB en 2018 à moins de 6% du PIB d’ici la fin de cette année, indiquent le FMI et la BM dans un communiqué commun.
“Le processus d’allègement de la dette de la Somalie a été le résultat d’efforts intergouvernementaux sur près d’une décennie, couvrant trois administrations politiques. C’est un témoignage de notre engagement national et de la priorisation de cet agenda crucial et habilitant“, a commenté le président de la Somalie, Hassan Sheikh Mohamud, dans un communiqué.
Dans la foulée le Trésor américain a annoncé qu’il projette de rayer d’un trait 100% des créances restantes de la Somalie et “encourage les autres créanciers bilatéraux de la Somalie à être tout aussi généreux et à agir rapidement“. L’accord est “une étape significative sur le chemin de la reprise continue et des réformes significatives visant à promouvoir une plus grande stabilité et des opportunités économiques pour le peuple somalien“, a ajouté la secrétaire du Trésor américain, Janet Yellen.
“L’annulation de la dette changera la perception mondiale de la stabilité économique du pays (…). La Somalie pourra accéder aux fonds et investissements mondiaux, étant ouverte aux marchés financiers internationaux“, a confié à l’Associated Press le vice-gouverneur de la Banque centrale de la Somalie, Ali Yasin Sheikh. Mais “il est crucial de mettre en place des mesures pour éviter que la Somalie ne retombe” dans un endettement insoutenable, a-t-il averti.
Même si les autres pays africains n’ont pas autant de problèmes structurels et conjoncturels que la Somalie un allègement de leur dette serait tout aussi salutaire pour leur relance économique avec la cascade de crises planétaires qui s’enchaînent (du fait du Coronavirus, de la guerre en Ukraine et maintenant le conflit au Proche-Orient). Dans la dernière livraison du FMI sur les nations africaines les plus endettées auprès de l’institution on trouve, dans l’ordre : l’Egypte, l’Angola, l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Nigéria, le Ghana, le Maroc, la RD Congo et la Tunisie.
Ces pays aussi ont besoin d’un coup de main pour se requinquer. Pourquoi le même dispositif proposé à la Somalie ne s’applique pas à eux ? Mystère. Peut-être que leur tour viendra… ou pas. Mais de toute évidence des explications s’imposent, aussi bien de la part de ces pays (peut-être qu’ils n’ont pas daigné faire les mêmes efforts que la Somalie, son président parle d’une décennie d’actions) que de la part des institutions internationales.
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