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Le piège que la Tunisie et les pays africains ne pourront pas éviter : Le taux d’intérêt des DTS du FMI explose

Le piège que la Tunisie et les pays africains ne pourront pas éviter : Le taux d’intérêt des DTS du FMI explose

La hausse du taux d’intérêt des droits de tirage spéciaux (DTS) auprès du Fonds monétaire international (FMI) en 2023 est une très mauvaise nouvelle pour les économies africaines. Le taux d’intérêt appliqué aux DTS a bondi à +4,14%. Les prévisions de croissance pour le continent en 2024 sont très bonnes, avec même 12 pays qui entrent dans le Top 20 mondial des croissances les plus fortes. Mais voilà, l’Afrique a besoin d’emprunter pour sous-tendre cette dynamique. Sauf qu’avec des coûts d’emprunt qui montent en flèche et des marchés obligataires internationaux qui ne sont pas au meilleur de leur forme beaucoup de pays africains vont vers des déconvenues.

Certes le taux d’intérêt applicable aux DTS est loin du record de 1990, +9%, mais passer de +0,05% au 6 décembre 2021 à +4,14% après le 4 décembre 2023 aura forcément un impact très négatif pour les pays africains, dans cette conjoncture mondiale marquée par les contrecoups de la guerre en Ukraine, le conflit au Proche-Orient, après les dégâts du Coronavirus.

Sur son site internet le FMI argue que «les taux d’intérêt des DTS sont influencés par plusieurs facteurs, dont la composition du panier de devises (Yuan chinois, Euro, Dollar américain, Livre sterling, et Yen japonais), leurs taux de change par rapport aux DTS, et les taux d’intérêt des obligations à trois mois émises dans ces monnaies».

Par ailleurs la majoration des coûts des ressources du Fonds peut trouver son explication dans les stratégies monétaires des banques centrales des USA, de la zone Euro et du Royaume-Uni. Pour contenir une inflation persistante ces institutions maintiennent des taux directeurs élevés, faisant flamber les coûts des prêts à court terme sur leurs marchés obligataires.

Le Dollar américain et l’Euro, qui pèsent plus de 80% de la valeur des DTS et affichent les taux d’intérêt les plus hauts pour les obligations à trois mois, influent fortement sur le coût des ressources du FMI. Dans le même temps la valeur des DTS a été rognée de 13,7% par rapport au Dollar américain durant les dix dernières années, d’après xe.com.

De nombreux pays en développement, surtout en Afrique, sont dans la tourmente. D’abord il y a la montée des coûts du service de la dette auprès du FMI, ensuite il y a l’inéluctable accroissement de la masse de monnaie locale du fait de l’appréciation du Dollar. Mais face aux incertitudes économiques qui rendent frileux les pays développés – c’est la fin des crédits à taux zéro – et face à des marchés internationaux plus méfiants les Africains n’ont d’autre choix que de continuer à solliciter le FMI.

Le Cameroun projetait une émission d’eurobond de 333,2 millions de dollars avant la fin de 2023, il a dû ajourner la sortie. Les indicateurs du marché des obligations internationales démontrent que 2023 est la troisième année d’affilée de vaches maigres pour les émissions africaines d’eurobonds, avec à peine 4,5 milliards de dollars lancés par les gouvernements du continent entre janvier et octobre.

En septembre dernier lors du Sommet du G20 le président américain Joe Biden avait plaidé pour une réforme du FMI et de la Banque mondiale afin d’accroître le périmètre des pays africains, entendez par là leur faciliter l’accès aux crédits et à des conditions plus avantageuses. En octobre dernier la patronne du FMI avait annoncé qu’un troisième siège au Conseil d’administration sera attribué à l’Afrique subsaharienne. Mais tout ça ne pèse pas lourd devant la réalité de la flambée des prêts pour les Africains…

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