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L’ultime arme de la France pour garder son rang au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon et au Tchad

L’ultime arme de la France pour garder son rang au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon et au Tchad

La diplomatie coup de poing du président français Emmanuel Macron a laissé un champ de ruines en Afrique, surtout dans les pays du Sahel et au Nord du continent, même si aux dernières nouvelles ça va nettement mieux entre Paris et Alger. La France rêve de relations apaisées, du même type qu’avec son premier partenaire en Afrique subsaharienne, paradoxalement un pays anglophone, le Nigéria, avec lequel les liens ne sont pas pollués par le lourd passif de la colonisation. Alors que faire pour limiter les dégâts et sauver les meubles dans les pays où le feu n’a pas encore pris ? Le chef de l’Etat français dégaine Jean-Marie Bockel…

Décidément Nicolas Sarkozy n’est jamais loin

L’ancien sénateur socialiste et ancien Secrétaire d’Etat à la Coopération du président Nicolas Sarkozy est le nouvel «envoyé personnel» de Macron en Afrique. En février 2023 le président français avait claironné une restructuration en profondeur des liens historiques entre l’Hexagone et ses anciennes colonies. Beaucoup y avaient cru mais force est de reconnaître que le résultat est un désastre, par la faute du style pataud et paternaliste de Macron – la même tare néocoloniale que Macron promettait de liquider – mais également à cause de soubresauts conjoncturels africains que Paris a le plus grand mal à appréhender.

Alors Macron a décidé de s’effacer et de s’en remettre à quelqu’un qui maîtrise mieux ces dossiers épineux. Il reviendra à Bockel de faire en sorte que la France garde ses positions dans des pays clés : le Sénégal, la Côte d’Ivoire (deux poids lourds de la CEDEAO) le Gabon (un ténor de la CEMAC) et le Tchad, qui a une place centrale dans le combat contre le djihadisme.

Le président français a annoncé dernièrement qu’il baissera drastiquement ses troupes en Afrique excepté Djibouti. Paris est contraint de réduire la voilure et de se faire plus discret après la série de revers au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Mais comment garder une influence tout en évitant de froisser des Africains de plus en plus irritables ? «Expliquer les modalités d’adaptations» des soldats français en Afrique…

Jean-Marie Bockel aura pour mission d’«expliquer» aux quatre amis de la France «les raisons et les modalités de ces adaptations» prochaines du dispositif diplomatico-militaire français, «tout en étant à l’écoute de leurs besoins» au niveau de la formation, du partenariat et de l’équipement, a mentionné le président dans une lettre. Bockel a jusqu’à juillet 2024 pour rendre sa copie.

Attention, Bockel peut aussi être une bombe à retardement

La France dispose encore d’un millier de militaires au Tchad, qui abrite le commandement des Forces françaises au Sahel. Mais avec l’éviction des troupes français dans la zone cette mission est vidée de sa substance, même si la coopération bilatérale avec N’Djamena reste solide quoi que fasse la Russie par ailleurs pour coopter le président Mahamat Idriss Déby…

Le Sénégal est l’un des pays les plus stables et les plus sûrs de la région, mais on a basculé dans l’incertitude depuis que le chef de l’Etat Macky Sall s’est mis en tête de renvoyer l’élection présidentielle au 15 décembre 2024. La France y avait déployé 350 militaires et négociait pour les maintenir sur place. Tout ça pourrait vite devenir kafkaïen dans les semaines et mois à venir.

En Côte d’Ivoire la France a 900 soldats, c’est aussi un pays stable mais des élections, avec leur lot d’inconnus, seront organisées en 2025. Au Gabon le président Ali Bongo Ondimba a été écarté le 30 août dernier par un coup d’Etat mais la France y a encore 400 militaires et les relations diplomatiques et économiques avec Paris sont au beau fixe…jusqu’ici.

Macron a raison de parier sur Jean-Marie Bockel pour déminer le terrain africain. Mais il revient dans un continent qui a mué et pas toujours pour le meilleur. En 2008 il avait largué la Coopération après avoir tiré copieusement sur une «Françafrique moribonde (…). Je veux signer son acte de décès […] Certains pays ont d’importantes ressources pétrolières, mais leur population n’en bénéficie pas», avait-il asséné. Une attaque qui visait le Gabon, le Congo et le Cameroun…

Bockel est un donc un homme de caractère. Il sera certes un atout maître pour Macron mais ce n’est pas quelqu’un qui avale des couleuvres et encore moins son chapeau. La France pourra compter sur lui mais attention, il peut exploser à la figure du président si les choses ne vont pas dans le bons sens.

 

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