Ma vie

Ma vie: Mère célibataire de Médenine

Ma vie: Mère célibataire de Médenine

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Ahlem a 50 ans. Elle est divorcée et élève seule son enfant depuis 2006.

Ahlem travaille en tant qu’institutrice dans une école publique. Son fils unique, Haythem, est lycéen. Il a 18 ans et passe cette année son baccalauréat.

Ahlem est assez timide. Elle a hésité beaucoup avant de se confier à nous et de nous raconter sa vie.

Elle nous dit à ce sujet : « J’ai 50 ans, je n’en ai pas l’air, je le sais, je parais plus jeune. On me le dit souvent. Et pourtant j’élève ce gaillard. Haythem, que dieu le protège a 18 ans. C’est mon homme ».

Ahlem continue : « Après mon divorce, j’ai dû revenir habiter dans la maison de mes parents. Hamdoullah ma famille ne manque de rien et elle m’a été d’un soutien inestimable. Mon défunt père travaillait à l’étranger et mettait de l’argent de côté pour des jours comme ceux-là ! »

Une pression familiale

Ahlem lance un soupir et raconte : « J’ai intégré l’enseignement deux ans après mon baccalauréat. J’étais célibataire, jeune, indépendante et mon salaire me permettait de dépenser sans aucune charge familiale, ni contrainte ».

Ahlem nous parle de son mariage : « Je me plaisais bien dans mon célibat mais ma famille ne voyait pas ça du même œil. La pression familiale devenait de plus en plus grandissante. Vous savez, ici dans le sud, il n’y a pas de place pour une femme seule. Le mariage est une fatalité ».

Ahlem prend un air satirique et dit : « Un mari permet à la famille d’être rassurée sur l’avenir de sa fille. Les demandes de mariages étaient nombreuses et ma famille de plus en plus insistante ! J’ai donc usé d’arguments pour repousser autant que possible les prétendants qu’on me présentait. Jusqu’au jour où j’ai fait la connaissance du père de mon fils Hatem ».

La chute

Ahlem donne plus de détails : « Hatem, vivait en Arabie Saoudite. Etrangement mon père était contre notre mariage. Il était contre l’idée de vivre avec un homme travaillant à l’étranger ! Je ne connaissais pas réellement Hatem, on se parlait seulement par téléphone. Ça me suffisait. »

Ahlem continue : « A son premier retour de vacances en Tunisie, Hatem est venu voir ma famille et a demandé ma main. On s’est marié quelques jours après…Ma vie a basculé depuis ce jour ».

Ahlem reprend son souffle, devient plus sérieuse, son visage se crispe et lance : « Ce mariage a été le plus grand échec de ma vie. Une vraie décente aux enfers. J’étais naïve, têtue, prétentieuse… J’ai perdu toutes mes économies. Mes années de labeurs sont parties en fumée ».

Ahlem nous confie : « Je suis partie vivre en Arabie Saoudite avec mon mari. Il était violent, agressif et autoritaire. Il n’avait rien à voir avec la personne avec qui je parlais avant notre mariage. C’était mon tortionnaire et j’étais son esclave. Il m’interdisait d’appeler mes parents, de sortir de la maison et même de regarder la télé ».

Ahlem, très affectée s’arrête une minute. Elle reprend son souffle et continue : « Hatem m’a convaincue de lui donner mes économies pour acheter un terrain qu’il a finalement enregistré en son nom ! Je me suis retrouvée 2 ans après le mariage à la rue, divorcée, sans sous et avec un gosse à charge. J’ai dû rentrer en Tunisie en catastrophe et réapprendre à vivre et à élever seule un enfant ».

Le soutien familial

De retour en Tunisie, Ahlem a été recueillie par sa famille qui a bien voulu la prendre en charge ainsi que son fils Haythem, âgé de 2 ans à l’époque.

Ahlem nous dit à ce sujet : « Avant son décès, mon père, m’a légué la maison familiale. Mes frères étaient d’accords, ils étaient déjà propriétaires et leurs situations financières assez stables ».

Ahlem rajoute : « Nous vivons mon fils et moi avec ‘‘El Hajja’’ que dieu la garde. Grâce à la pension de veuvage de ma mère nous arrivons à vivre, fort heureusement ».

La grand-mère complète le budget

Ahlem nous confie que tout son salaire sert à payer les dépenses familiales du foyer : Eau, électricité, internet, alimentation, scolarité, activités sportives et culturelles de Haythem.

Le reste des besoins non comblés est pris en charge par la grand-mère.

La famille loue une fois par an une maison de vacances à Djerba ou à Zarzis. Ahlem profite également d’un weekend dans un hôtel en compagnie de sa mère une fois par semestre.

Ahlem nous dit profiter des offres de l’amicale de l’enseignement pour acheter des téléphones, des forfaits Internet et de télécommunication à tarifs préférentiels.

Pour les besoins d’habillement, Ahlem nous dit « Toute la famille s’habille ‘‘sans complexe’’ à la fois des magasins de prêt à porter et de la fripe. La fripe est indispensable. La qualité des vêtements y est meilleure que dans les magasins et surtout ce n’est pas cher ».

Parlant de Ramadhan, Ahlem nous lance: « C’est le mois du gaspillage, tous les tunisiens mangent avec les yeux  كل التونسيين “تاكل بعينيها”  . Le budget de Ramadhan peut grimper jusqu’à 1 500 dinars. Hamdoullah ma maman m’aide…Avec seulement mon salaire d’institutrice je ne pourrais rien me permettre ».

Le budget familial

Les revenus :

  • Salaire de Ahlem : 1 400 dinars.
  • Pension de veuvage de la grand-mère : 1 800 dinars.

Les dépenses :

  • Frais de STEG : 250 dinars
  • Frais de SONEDE : 100 dinars.
  • Produits alimentaires et d’entretien : 650 dinars par mois.
  • Frais abonnement Internet (Fixe et mobile) : 80 dinars
  • Abonnements clubs culturels et sportifs : 400 dinars
  • Frais de rentrée scolaire : 1 000 dinars.

Pour le mois ramadhan, la famille prévoit un budget allant jusqu’à 1500 dinars.

Le budget spécial Aîd Fitr est de 450 dinars.

Le budget spécial Aîd Kébir est de 800 dinars pour le mouton du sacrifice.

Le budget vestimentaire pour Ahlem, sa maman et son fils est de 1 200 dinars par an.

Ahlem bénéficie d’une couverture sociale. Ahlem est bancarisée et a un compte épargne.

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