Economie

Microfinance : 508 587 clients subissent des intérêts excessifs de 32% !

Microfinance : 508 587 clients subissent des intérêts excessifs de 32% !

Au 30/09/2022, les Institutions de Microfinance (IMF SA) comptent 508 587 clients actifs pour un portefeuille d’environ 1549,1 millions de dinars (MD), d’après le baromètre de la microfinance publié par l’Autorité de contrôle de la microfinance de Tunisie (ACM) pour le mois de décembre 2022.

Sous ce même angle, on indique que le montant de l’encours moyen par client actif a enregistré une augmentation de 3,11% durant la même période en passant de 2954 à 3046 dinars.

Des taux non conformes à la loi

D’après le rapport annuel 2021 de l’ACM, le taux effectif global (TEG) moyen pondéré des institutions de microfinance (Société Anonyme – SA et associations de microcrédits – AMC) IMF SA a connu une tendance haussière durant les 4 dernières années en passant à 32,86% au terme du deuxième semestre de l’année 2021, enregistrant ainsi un taux de croissance annuel moyen de 2,1%. Le TEG moyen des IMF SA a atteint 31,80 % au premier semestre 2022.

Le résultat net consolidé des IMF SA a atteint 57 millions TND au 31-12-2021 contre 22,9 millions TND une année auparavant enregistrant ainsi, une augmentation de 148,91%, selon le rapport 2021 de l’ACM.  

Le niveau exceptionnellement élevé des taux d’intérêt exigés par de nombreuses IMF pose plusieurs questions notamment à la lumière des nouvelles dispositions du décret présidentiel paru au journal officiel de la République Tunisienne du 21 octobre 2022 infligeant des amendes allant de 30 à 100 mille dinars aux banques et institutions financières accordant à leurs clients des crédits à un taux d’intérêt excessif. 

Le décret concerne tout financement consenti à un taux de profit effectif global qui excède au moment où il est consenti, le taux de profit effectif moyen pratiqué au cours du semestre précédent par les banques et les établissements financiers agréés pour exercer les opérations bancaires islamiques, d’une marge qui est fixée par décret selon les catégories de financements et de bénéficiaires.

Le microcrédit creuse le fossé de la pauvreté

Selon une note publiée dernièrement par le Comité pour l’abolition de la dette illégitime (CADTM) intitulée « La dette privée illégitime au Sud de la planète : le cas du microcrédit » qui révélé que le « système dette » se durcit partout dans le monde avec plusieurs changements qui sont intervenus au cours des 40 dernières années, principalement depuis l’éclatement de la crise de la dette du Tiers-monde au début des années 1980.

À partir des années 1980 se développent des initiatives de microcrédit et dès le début, des gouvernements et de grandes institutions internationales ont soutenu la promotion du microcrédit, indique le CADTM et pour cause l’enjeu est de taille du fait que les taux d’intérêts réels pratiqués dans le secteur de la microfinance oscillent entre 25 et 50%.

Selon les données de la note du comité, en 2019, le nombre des clients des institutions du microcrédit atteignait 140 millions de clients, dont 80% de femmes, et un portefeuille de crédit de 124 milliards de dollars dans le monde. Parmi eux, 65% des emprunteurs vivent en zone rurale.

On révèle, à ce titre, que de nombreuses études empiriques consacrées au microcrédit et de nombreux auteurs montrent que celui-ci ne permet pas réellement aux clients de sortir structurellement de la pauvreté du fait qu’il plonge une grande partie des usagers dans l’endettement, voire le surendettement. Il ne permet pas le développement d’entreprises dans le secteur formel.

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