Société

Par Henda Haouala : Le cinéma tunisien, la semaine de la valse !

Par Henda Haouala : Le cinéma tunisien, la semaine de la valse !

Madame la ministre de la culture Hayet Guermazi semble s’intéresser au secteur cinématographique tunisien cette semaine, recevant des réalisateurs avec qui elle discute des modalités de production et de distribution du film tunisien et  de son rayonnement local, arabe et international… En tout cas c’est ce dont la page officielle du ministère nous informe.  C’est réjouissant de voir  que les deux derniers mois, les quelques salles de cinéma dont le pays dispose  voient  leurs programmes  s’enrichir de production tunisienne. En effet, la page officielle du centre du cinéma et de l’image annonce neuf films à l’affiche jusqu’au mois de Mars.
Madame la ministre semble s’enthousiasmer de ce chiffre au point d’inviter individuellement dans son bureau les cinéastes tunisiens pour parler  à chacun d’un même sujet :  à savoir les aléas de la production et de la distribution, les difficultés que rencontre un producteur, un distributeur, bref… les  maux du cinéma tunisien sans oublier de féliciter chacun pour les grands efforts qu’il fournit pour pouvoir  et parvenir à faire un film. Rien de nouveau jusque là, les ministres précédents ont également reçu les mêmes personnes qui ont soulevé le même problème et ont été également félicitées de la même manière.

Ces sorties des films tunisiens  n’étaient-elles pas l’occasion pour réunir et rassembler tous les actifs du métier  pour débattre ouvertement des problèmes dont souffre  le secteur  et annoncer  surtout de nouvelles réformes dignes de notre ère?  Le communiqué du ministère  parle de réussite de ces films, il n’aurait pas été plus judicieux de communiquer des chiffres  en termes d’entrées et  donner le classement de ces films semaine par semaine ?  Frappant de voir  chaque ministre féliciter un cinéaste  d’avoir surmonté les obstacles pour voir enfin son film projeté sur grand écran alors que c’est ce même ministère qui a instauré ces difficultés. Frappant qu’un (e) ministre félicite un réalisateur pour avoir eu des prix pour son film reçu dans des festivals étrangers alors que ce même film n’est pas sélectionné aux JCC, le festival du ministère par excellence. Ces protocoles ministériels héréditaires d’un ministre à l’autre, ces communiqués  « bateaux »  qui précédent ces fameuses poses devant l’objectif d’un appareil photo offrant un bouquet de fleurs ou un carton ont fait leur temps.
 Le secteur a besoin d’une véritable relance en termes de lois et de structure.
Le cinéma tunisien ne supporte plus ces valses à mille temps.

Henda Haouala

Maître de conférences en techniques audiovisuelles et cinéma

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