La bourde du vénérable député Elloumi a au moins un mérite: celui de nous rappeler au souvenir du grand Abdelrahmen Ibn Khaldoun. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, rappelons, sommairement, qui il était.
Très Intelligent et génial, incontestablement. Il avait mangé à tous les râteliers. En Espagne, au Maroc, en Algérie, en Tunisie et pour fuir au Caire. Il avait servi tous les régimes en place … et s’était lui même retourné contre ses serviteurs politiques.
Il n’aurait jamais pu écrire L’introduction, intitulée la Muqqaddima philosophie de la sociologie politique (les Prolégomènes en français), s’il n’avait pas lui même cette expérience de la nature des peuples et des hauts et des bas de la nature humaine dans toutes ses dimensions notamment les plus basses: argent, intérêts personnels, amour du pouvoir et de la puissance. De l’hégémonie comme disait Freud.
Il était pèle mêle, juge, ministre, négociateur, ambassadeur, Premier ministre, chef de Cabinet…
Des choses vécues qui lui ont permis après avoir connu les honneurs et les vicissitudes du pouvoir d’écrire son livre aujourd’hui mondialement connu, sans oublier qu’il avait fait plusieurs fois de la prisons.
Au vu de ce qui s’est passé hier dans les coulisses de l’ARP lors du vote de confiance au gouvernement Mechichi 2, une question s’impose : Qui de Rached Ghannouchi ou de Kais Saïd connait le mieux Ibn Khaldoun? Une chose est sûre : le vénérable député Elloumi ne l’a jamais lu.
Tout le reste n’est que babil.
Jawhar Chatty – Ancien rédacteur en chef La Presse.
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