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Point Afrique – L’Ethiopie a vaincu ses handicaps naturels : les grands travaux foisonnent et les investisseurs étrangers se bousculent

Point Afrique – L’Ethiopie a vaincu ses handicaps naturels : les grands travaux foisonnent et les investisseurs étrangers se bousculent

Il y a encore quelques années on ne retenait de l’Ethiopie que les terribles images de ses deux famines qui ont mobilisé l’aide de la communauté internationale, sa guerre civile (qui n’est pas tout à fait terminée au Tigré), ses révolutions sanglantes, sa dictature féroce, les errements de ses leaders Haïlé Sélassié (il est tombé en 1974) et Mengistu Haile Mariam (il a pris la fuite en 1991), etc. Un sombre tableau. Tout ça c’est terminé, c’est derrière les Ethiopiens. La capitale de l’Union africaine (UA) – Addis-Abeba abrite le siège de l’UA – donne un tout autre visage avec sa modernisation à marche forcée, ses tramways flambant neufs, ses grands travaux, ses projets dans la haute technologie, sa jeunesse bouillonnante qui ne jure que par les startups…

Le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique (près de 128 millions d’habitants) et qui a longtemps pâti de son enclavement est en train de vaincre ses handicaps naturels. L’Ethiopie doit cette dynamique aux “15 Glorieuses”, 15 années de réformes sous-tendues par le Growth and Transformation Plan (GTP), une kyrielle de mégas projets qui ont transformé en profondeur le pays et en ont fait le moteur de l’Afrique orientale. L’Éthiopie est passée des dernières positions pour tous les indicateurs socio-économiques à une nation qui aspire à un taux de croissance à deux chiffres, une nation forte qui a même survécu à la partition et à la sécession de l’Érythrée, en 1993. 

L’ancien Premier ministre Meles Zenawi Asres est pour beaucoup dans cet envol, entre 1995 et 2012. Le tournant a sans doute été sa participation au G20 pour porter la voix du continent africain. Le monde découvre cet homme à poigne, qui se montre parfois cruel pour ceux qui contrecarrent ses plans mais qui indéniablement fourmille d’idées salvatrices. En 2009 Meles inaugura le barrage le plus haut d’Afrique sur le Tekkezé, au Tegray ; dans la foulée le ministère de l’Agriculture mettait 3 millions d’hectares, soit un septième de la surface agricole utilisée (SAU), à la disposition de l’agro-industrie…

Depuis 2012 les serres ont pris le pouvoir, partout, faisant de l’Éthiopie le deuxième exportateur africain de fleurs coupées. Ce n’est pas tout, les constructions envahissent Addis-Abeba et les petites villes. Les routes prennent de l’envergure au fil des mois, le tramway s’installe en à peine un an. Le Grand Barrage de la renaissance éthiopienne (le deuxième du continent africain, inauguré en février 2022) et d’autres ouvrages gigantesques assurent l’indépendance énergétique de l’Éthiopie. 

Le pays a tellement de courant qu’il peut se permettre d’en vendre aux voisins et d’électrifier son nouveau réseau ferroviaire dans sa totalité. Le Growth and Transformation Plan, mis en place par Meles, a tenu toutes ses promesses dans l’Etat fédéral d’Ethiopie. Et ce n’est pas terminé, l’actuel Premier ministre Abiy Ahmed marche sur les pas de l’illustre Meles. Les ambitions dans la Corne de l’Afrique et dans le continent n’ont jamais été aussi grandes depuis les “15 Glorieuses”.

Le barrage de la Renaissance, qui a coûté 4,2 milliards de dollars, est la parfaite illustration de la dynamique Abiy Ahmed. Bon, il faudra qu’il parvienne à aplanir les difficultés avec son voisin, l’Egypte, qui voit d’un très mauvais oeil cette emprise sur le fleuve du Nil. L’eau pourrait porter le germe du conflit, le prix Nobel de la Paix Abiy Ahmed aura besoin de toute sa science en diplomatie pour amadouer son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

En attendant l’Ethiopie trace sa route et les investisseurs, locaux et étrangers, se bousculent pour avoir leurs places au soleil. L’Inde, l’Arabie Saoudite, la Corée, la Chine et les USA sont aux premières loges pour financer le «bond en avant». Le dernier méga projet en date est la cimenterie nationale de Lemi, logée dans le parc industriel de Lemi Building Material, à quelque 150 kilomètres au nord de la capitale. Cette unité, cofinancée par le chinois West International Holding à hauteur de 600 millions de dollars, a été montée en à peine 11 mois, battant tous les records. L’usine produit 10 000 tonnes de ciment clinker par jour.

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