Economie

Que risque la Tunisie après le coup qu’elle vient de donner à l’UE?

Que risque la Tunisie après le coup qu’elle vient de donner à l’UE?

Action, réaction… Et encore il faut souhaiter que l’Union européenne (UE), premier partenaire de la Tunisie, faut-il le rappeler, en reste à cette indignation outrée suite à la décision unilatérale du gouvernement tunisien de sabrer ses engagements sur les importations. Ce qu’a fait Tunis est certes frappé au coin du bon sens, est logique au regard de la dégradation de ses indicateurs macro-économiques, mais encore fallait-il se concerter avec l’autre partie, mettre sur la table toutes les solutions pour choisir les meilleures, en soignant les intérêts des uns et des autres. La Tunisie n’en a fait qu’à sa tête, comme si elle ne dépendait de rien ni de personne…

Quand il s’agit d’incartades sur les droits humains, la démocratie et tout le toutim, à la limite l’UE peut temporiser, patienter et même se montrer magnanime, mais quand on touche son économie et qu’en plus les accords étaient censés être gravés sur le marbre, la musique change. La lettre envoyée à la ministre du Commerce est sans ambiguïté ; certes les termes sont savamment pesés, très diplomatiques et restent dans les clous fixés par le politiquement correct, mais le contenu est limpide : l’UE attend de Tunis qu’il révise son positionnement sur le projet d’un nouveau système de contrôle préalable à l’importation.

La dernière fois que l’ambassadeur de l’UE, Marcus Cornaro, a reçu la presse il magnifiait les liens très solides avec la Tunisie et ce que les pays amis font pour aider à décrocher un bon accord avec le FMI. Il ne faudrait pas cette affaire autour des importations vienne polluer les liens avec le premier partenaire. Nous ne citerons que ce morceau de la lettre : Ces mesures “iraient à l’encontre des efforts menés par la Tunisie pour se réformer, s’ouvrir et attirer notamment des investisseurs étrangers“. Quand votre premier partenaire et soutien vous dit ça, il faut l’écouter avant l’irréparable.

La Tunisie, assurément, n’a pas les moyens de faire face à la furie des 27 Etats-membres de l’UE. La France et l’Italie pèsent lourd en Tunisie, et la conjoncture mondiale compliquée n’y a rien changé, alors il faut veiller à ne pas rompre cet équilibre avec les seuls vrais “amis” qui nous restent. Si la Tunisie a un problème avec sa balance commerciale, qu’elle regarde ça avec ceux qui causent le plus de dégâts, les Chinois et les Turcs, mais certainement pas dans la direction des pays de l’UE, même s’il est toujours possible de perfectionner le système pour que ça profite davantage à la Tunisie. D’ailleurs c’est ce que propose la Commission européenne dans sa lettre…

Le document finit sur une note positive, tout de même : Une perche que le partenaire tend à Tunis, une invitation formelle au dialogue. Il faut souhaiter que la prochaine fois que nous évoquerons ce dossier ce sera pour commenter des discussions fructueuses pour les deux parties. On n’ose même pas imaginer le courroux de l’UE, à travers des mesures de réciprocité et de rétorsion. La Tunisie n’a pas les reins assez solides pour les encaisser, alors qu’elle négocie, sincèrement et de bonne foi.

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