Au terme de son séjour à Tunis la délégation européenne a souligné le fait qu’il faille organiser “un dialogue national véritablement inclusif”. Bon, ça on le savait. On sait aussi que vu d’ici en Tunisie cette demande a tout d’un voeu pieux, puisque les soutiens officiels du chef de l’Etat, Kais Saied, ne cessent de le répéter. Ce qu’on ne savait pas c’est que même chez le partenaire européen on fait exactement le même commentaire. C’est ce qu’on vient de lire sur RFI (Radio France internationale), au terme de la visite à Tunis des parlementaires européens . L’opposition tunisienne, qui fait des pieds et des mains pour que le président de la République l’invite à sa table, sera contente d’apprendre les conclusions des députés européens…
“Je crois qu’on va évaluer à la fin de cette année au plus tard quelle réaction nous allons prendre“, a confié Michael Gahler, un des membres de la délégation européenne qui était à Tunis. Le parlementaire a ajouté : “Pour le moment nos programmes et nos activités continuent mais avec une très claire observation de ce qui se passe“…
Ce n’est pas ce qu’attendaient le président du Parlement dissous et chef de file des islamistes, Rached Ghannouchi et ses compagnons de l’opposition. Ils n’ont pas fait tout ce tintamarre autour des plénières virtuelles pour ça. Mais c’est tout ce que l’Union européenne (UE) a à offrir. Du reste si les opposants avaient bien lu le communiqué de presse du ministère français des Affaires étrangères ils se seraient rendus compte que l’UE, très finement, va suivre Paris et donner carte blanche à Saied, du moins jusqu’aux élections de décembre 2022…
On a lu également sur le même support qu'”à ce stade, l’UE ne souhaite pas conditionner ses aides à un retour des contre-pouvoirs évincés par le président Kaïs Saïed. Bien au contraire, alors que la Tunisie peine à s’approvisionner en céréales, de nouvelles subventions vont même être débloquées“…
La messe européenne est dite, ce qui va en rajouter à la déprime des opposants tunisiens…
Et nous ce qu’on retient de toute cette affaire c’est qu’il y a ce que les délégations étrangères disent ici en Tunisie et qui doit être suffisamment diplomatique pour être digéré par toutes les parties, dans un pays bouillonnant politiquement ; il y a ce que les délégations étrangères disent chez elles publiquement et qui peut se permettre d’être moins diplomatique ; et il y a ce qui se dit en off, derrière les murs feutrés, beaucoup plus cru. On a eu les deux avec les parlementaires européens. Je vous laisse imaginer ce qu’ils disent de la Tunisie en off…
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