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Réformes-Le prix de la politique de l’autruche : Ça va aller très vite et ça sera violent

Réformes-Le prix de la politique de l’autruche : Ça va aller très vite et ça sera violent

Ça va aller très vite et ça sera violent, parce que la Tunisie n’a plus le choix. Je parle de la levée des subventions qui n’aura de progressive que le nom. Le pays n’a d’autre choix qu’une cadence effrénée et mortifère pour la classe moyenne par la faute du gouvernement d’abord. Le FMI et même l’UGTT, avec insistance il faut le reconnaître, ont exigé du gouvernement qu’il dévoile publiquement les réformes douloureuses et qu’il fasse de la pédagogie auprès des citoyens sur la saignée qui leur sera appliquée. Le gouvernement s’y est mis très tardivement et depuis quelques jours on n’entend plus que la musique lancinante de la fin de la compensation généralisée

Ça va aller très vite, trop, parce que la Tunisie a urgemment besoin de l’oxygène du FMI (Fonds monétaire international) et de tout ce qui en dépend, et n’a plus les moyens de planquer sous le tapis les réformes sans cesse repoussées depuis 2011. C’est toujours ainsi quand on remet systématiquement les choses au lendemain, après on est obligé de les faire dans la précipitation et la casse sociale qui va avec. Sans parler des risques de déstabilisation de toute une société. Attention!

Et avec qui cette grande affaire sera négociée ? Avec quel partenaire social ? Et bien avec personne. L’UGTT était censée défendre ce dossier et le discuter point par point avec le gouvernement, entre temps elle a déserté le terrain social, happé par son projet politique et constitutionnel – eh oui la centrale syndicale en aura un ! Le pays paye ici une des tares de l’après-Révolution qui ont débuté quand tout le monde s’est tourné vers l’UGTT pour régler les problèmes de la nation : On a eu le Dialogue national de 2014, le Pacte de Carthage 1, le 2 et que sais-je encore…

On en est là 11 ans après la dite Révolution : Un pays plus morcelé que jamais, un flou total dans le cap politique, social et économique à tenir pour régler les problèmes des citoyens, et il n’y a plus personne pour défendre sincèrement les intérêts des travailleurs. Tout est politisé, à outrance…

Le versement de la compensation aux nécessiteux et uniquement à eux commencera dès l’année prochaine. Le FMI attendait un signal fort pour parler sérieusement du décaissement en faveur de la Tunisie, il l’aura, même s’il faut pour cela sacrifier la dite classe moyenne, du moins ce qui en reste. Il est évident que très peu de personnes dans cette couche sociale qui n’a cessé d’être rognée depuis 2011 oseront s’inscrire sur la liste des citoyens démunis. Et même ceux qui s’y aventureront seront automatiquement recalés, au motif qu’ils gagnent bien leur vie, alors que l’inflation c’est pour tout le monde, indistinctement…

Et qui le criera haut et fort ? Qui défendra cette classe moyenne squelettique ? Personne. Le rouleau compresseur des réformes, qui ne fera pas dans le détail, passera sur le corps de cette classe moyenne qui a horreur des manifestations pour clamer sa souffrance et qui a la mauvaise habitude de noyer ses chagrins dans le café. Mais attention tout de même à l’effet d’accumulation des coups depuis 11 ans. La colère gronde et on sait que la colère est mauvaise conseillère…

 

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