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Saied persiste, l’UGTT insiste : On aura deux Constitutions, deux référendums…

Saied persiste, l’UGTT insiste : On aura deux Constitutions, deux référendums…

L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) refuse net tout ce que le chef de l’Etat, Kais Saied, a mis sur la table pour refondre complètement le système politique et les institutions du pays. Mais la centrale syndicale ne s’arrête pas là, elle a mobilisé hier mercredi 1er juin des experts en droit constitutionnel pour faire une contre-proposition. On est à peu près certain que celui – Kais Saied – qui a fait le dos rond face aux tirs amis des députés européens et qui a envoyé paître la Commission de Venise ne fera pas dans le détail avec l’UGTT. Mais Noureddine Taboubi et compagnie mettent un point d’honneur à aller à l’affrontement…

La centrale syndicale, qui a organisé une rencontre nationale à Hammamet Sud, a annoncé la couleur : Elle prendra le contre-pied du président de la République. Et là où les choses se corsent c’est que l’UGTT projette tout bonnement de soumettre son projet aux citoyens. Une démarche référendaire qui risque de se télescoper avec la machine lancée par l’occupant du palais de Carthage…

Mieux encore – ou pire, c’est selon – : Taboubi et les siens envisagent de garder l’ossature de la Constitution de 2014 et d’y opérer quelques amendements, alors que le chef de l’Etat envisage de le réviser de fond en comble. Pour l’UGTT il n’est pas nécessaire de faire tabula rasa du texte fondamental de 2014, mais juste gommer les germes de la crise entre les deux patrons de l’exécutif…

La mouture de la centrale syndicale propose par ailleurs de ne pas dépouiller le chef de l’Etat de tous ses pouvoirs, mais au contraire lui donner un statut d’arbitre dans les litiges d’ordre institutionnel avec de vrais leviers pour agir. A côté de ça les prérogatives du chef de gouvernement seront renforcées, mais en tant que vrai patron de la majorité, puisque ce sera le chef du parti ou de la coalition sorti vainqueur des élections législatives. Selon les experts c’est la seule manière d’en finir avec l’instabilité politique chronique…

Enfin les participants à la rencontre de Hammamet proposent de maintenir la proportionnalité dans les législatives, mais en enterrant le système des restes sur la base des meilleurs résultats. Par ailleurs ils ont suggéré un seuil minimal de 5% aux élections législatives…

C’est l’épilogue d’une bataille épique entre Kais Saied et l’UGTT qui a commencé quand le chef de l’Etat a tiré sur le Dialogue national impulsé par la centrale syndicale en 2014. Cela a continué avec la Consultation nationale où Taboubi et compagnie ont été écartés de bout en bout, plus d’autres affronts publics. Pour finir avec un autre Dialogue national où le président de la République a fait cavalier seul, malgré la bronca de l’UGTT. Jusqu’ici Saied refuse catégoriquement d’intégrer cette dernière dans ses plans, ce qu’aucun dirigeant de l’après-Révolution n’a osé faire…

Alors soit Saied remporte son bras de fer et remodèle à sa guise le paysage politique – ce ne sont pas les partis politiques, plus faibles et impopulaires que jamais, qui l’en empêcheront -, soit il plie face aux assauts de Taboubi et le pays fait machine-arrière pour revenir à la toute-puissance que l’UGTT a perdue depuis le 25 juillet 2021…

 

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