Economie

S & P – MENA : La Tunisie parmi les pays les plus exposées aux chocs des prix des matières premières

S & P – MENA : La Tunisie parmi les pays les plus exposées aux chocs des prix des matières premières

Selon les économistes de S&P Global, les chocs des prix des denrées alimentaires et de l’énergie à la suite du conflit russo-ukrainien pourraient accroître les inégalités de revenus et causer des risques pour les dynamiques sociopolitiques existantes dans certains pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

L’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc et la Tunisie seront parmi les pays plus durement touchés par les retombées économiques du conflit russo-ukrainien, car leurs économies dépendent fortement des importations alimentaires ou d’énergie (ou des deux), et ils s’approvisionnent en grande partie en céréales depuis la Russie et l’Ukraine, a déclaré un groupe d’économistes dirigé par l’économiste mondial chez S&P Valerijs Rezvijs dans un rapport.

Le rapport intitulé « Le choc des prix des denrées alimentaires se répercute sur les économies de la zone Mena », indique que le conflit russo-ukrainien continuera probablement de faire pression sur les marchés des produits alimentaires et énergétiques étant donné le rôle central de la Russie dans l’approvisionnement énergétique et la contribution importante des deux pays aux exportations agricoles mondiales. La Russie et l’Ukraine représentent ensemble plus de 25 % des exportations mondiales de blé et près de 15 % du maïs. La Russie et la Biélorussie sont également d’importants producteurs d’engrais.

« Notre analyse a révélé que l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc et la Tunisie seront parmi les plus durement touchés par les retombées économiques du conflit car leurs importations nettes de nourriture et d’énergie représentent entre 4,0 et 17 de leur PIB et ils s’approvisionnent en grande partie en céréales en Russie et en Ukraine », a déclaré Valerijs Rezvijs.

Des mesures budgétaires temporaires visant à atténuer la pression subie par les consommateurs et aux producteurs et à prévenir le mécontentement social exerceront une pression sur l’assainissement budgétaire post-pandémique.

« Un conflit prolongé entre la Russie et l’Ukraine qui maintien les prix des denrées alimentaires à un niveau élevé à moyen terme risque d’aggraver la dynamique budgétaire des importateurs de produits de base de la région Mena”, a assuré, par ailleurs, Rezvijs.

Le Fonds monétaire international a exhorté les gouvernements du monde entier à subventionner le coût de la nourriture et de l’énergie, de manière très ciblée, de préférence en accordant des subventions directement aux personnes concernées, alors que les craintes d’une récession mondiale se profilent. Réitérant que les couches pauvres de la société ont du mal à cause de l’inflation et du coût élevé de la vie, la directrice du FMI, Kristalina Georgieva, a déclaré que si de nombreux gouvernements ont fourni une sorte d’aide via des programmes et d’autres dispositions, cela pourrait ne pas suffire. 

Georgieva s’est dite préoccupée par le fait que sans le soutien approprié du gouvernement, les manifestations observées au Sri Lanka pourrait se répéter dans d’autres pays.

Par ailleurs, Tatiana Lysenko, économiste principale, chez Emea Emerging Markets, a déclaré récemment que compte tenu des pressions sociales, les gouvernements mettront en place des programmes fiscaux visant à amortir l’impact et à prévenir le mécontentement social, soit par le biais de subventions, soit par d’autres formes de soutien.

« Le conflit a déclenché de fortes hausses des prix des produits de base car les deux pays sont de grands exportateurs de nombreux produits de base clés. Les marchés de l’énergie sont durement touchés, compte tenu du rôle central de la Russie dans l’approvisionnement énergétique mondial, le prix du pétrole Brent ayant augmenté de 50% cette année. Les marchés alimentaires sont également parmi les plus touchés, la Russie et l’Ukraine représentant ensemble près de 60 % des exportations mondiales d’huile de tournesol, plus de 25% du blé et près de 15% du maïs… », souligne l’économiste. 

Elle affirme voire également d’autres pays imposer des contrôles sur les exportations alimentaires pour protéger les consommateurs nationaux, comme la récente décision du gouvernement indien de restreindre les exportations de blé à la suite d’une sécheresse.

« Les évolutions futures restent incertaines, mais nous pensons que les prix des matières premières devraient rester élevés pendant un certain temps. Nous pensons maintenant que le conflit est susceptible de durer plus longtemps que prévu, et quelle que soit la durée des hostilités militaires, les sanctions et les risques politiques connexes resteront probablement en place pendant un certain temps », a précisé Lyssenko.

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut