A la une

Sa toute dernière trouvaille pour que le Parlement disparaisse… (Document)

Sa toute dernière trouvaille pour que le Parlement disparaisse… (Document)

Des élections législatives comme la Tunisie n’en a jamais connu, un scrutin décrié aussi bien par l’opposition (ce n’est pas une surprise me direz-vous) que par les soutiens du chef de l’Etat (ça par contre c’est moins courant)… Vu d’ici, on a comme l’impression que Kais Saied se débrouille comme un chef pour que le Parlement ne revienne jamais. Et encore attendez de voir le document surréaliste, assommant et kafkaïen sur le parrainage des aspirants députés…

A ceux – les partis politiques surtout – qui râlaient et ameutaient l’opinion publique, nationale et internationale, sur les coups que leur porte le chef de l’Etat, et bien qu’ils se le tiennent pour dit : De toute façon Saied a posé tous les verrous pour qu’ils ne reviennent jamais dans le chaudron du Parlement. Comment interpréter autrement ces conditions draconiennes posées aux candidats aux législatives ?

Obtenir de son parrain qu’il fasse la queue à la mairie (la “bonne nouvelle” c’est qu’il ne le fera qu’une seule fois) pour cette fameuse signature légalisée (une espèce en voie de disparition, sauf en Tunisie…) ; réaliser le tour de force d’avoir 400 parrains dont au moins 200 femmes, tous dans la même circonscription évidemment (c’est loin d’être évident dans les faits)… Et maintenant toutes ces cases que doit remplir le parrain. Il faudrait presque vivre avec le candidat pour connaitre tous ces détails sur lui, sur son programme !

Déjà que les citoyens ne se déplacent pas en nombre pour aller glisser un petit bulletin dans l’urne – voter -, que dire de leur demander de faire la queue à la mairie – on peut y laisser une bonne partie de sa journée, déjà peuplée de mille problèmes – pour un candidat qu’ils connaissent vaguement et à qui ils disent ‘Oui’ juste parce qu’il s’est montré très insistant. 

Même dans les démocraties les plus accomplies on n’en demande pas tant aux citoyens juste pour la prétendue bonne marche des institutions. Bon, peut-être que le but ultime de Kais Saied est de bâtir un autre modèle de démocratie, avec des citoyens modèles, que le monde entier enviera à la Tunisie…

L’autre hypothèse est que l’occupant du palais de Carthage, dans la droite ligne de son positionnement politique, fait tout pour que le Parlement ne revoit jamais le jour. N’oublions pas que Saied a longtemps gardé le silence sur les législatives après la frappe du 25 juillet 2021, et il n’a évoqué ce scrutin que sous une pression monstre, intérieure et étrangère. Ces législatives il y est allé contraint et forcé. Tout le monde connait sa détestation de cette Assemblée nationale et son penchant pour les Parlements régionaux, un projet qu’il va d’ailleurs concrétiser (ne me demandez pas comment). Alors il ne faut pas s’étonner qu’il fasse tout pour savonner la planche des législatives…

Le but de la manoeuvre serait de montrer à la face des Tunisiens et du monde que le peuple ne veut plus du modèle classique d’un Parlement national empêcheur de tourner en rond, mais d’une myriade de Parlements régionaux taillés pour solutionner concrètement les problèmes des citoyens. Un fervent soutien de Saied avait ébruité le fait qu’il projetait de faire du Parlement une coquille vide en lui collant une Chambre des conseillers qui aurait le vrai pouvoir législatif. S’il s’avérait que les candidats à la députation sont incapables d’obéir à tous les critères édictés par le président de la République ce dernier cacherait difficilement sa joie.

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut