Economie

Scandaleux : malgré la crise des finances publiques, le Gouvernement veut multiplier les salaires des dirigeants des entreprises publiques

Scandaleux : malgré la crise des finances publiques, le Gouvernement veut multiplier les salaires des dirigeants des entreprises publiques

« Tunisie Numérique » a été le premier relais médiatique à présenter les détails d’un document élaboré par la Présidence du Gouvernement (PG) intitulé « Programme de réformes pour une sortie de crise » et qui est destiné au FMI en vue d’un nouvel accord de financement et ce, vers la fin du mois de décembre dernier.

Ces détails ont été repris au pied de la lettre dans un nouveau document publié récemment par le ministère des finances sous le titre » Cadre budgétaire à moyen terme » présenté cette fois comme étant un plan de développement de l’économie durant la période 2022-2024.

Techniquement, le document est au summum de l’impertinence voire de la médiocrité technique. Il est présenté en quelques pages (21 pages), en arabe, sans méthodologie, ni hypothèses de travail et surtout celui-ci regorge de contradictions et de slogans politiques vides.

Au volet de l’ « amélioration » de la gouvernance des entreprises publiques, on propose dans le document différents axes de restructuration dont principalement la refonte de la stratégie actionnariale de l’Etat dans les entreprises publiques, la revue des modalités de nomination et de rémunération des dirigeants de celles-ci ainsi que la révision du cadre légal et réglementaire de recrutement dans la fonction publique.

Cette tendance à l’accroissement des salaires des dirigeants des entreprises publiques n’est pas nouvelle puisque l’ex-ministre de la fonction publique au gouvernement Hichem Mechichi, Hasna Ben Slimane, a évoqué en septembre 2020 qu’un décret était en cours d’élaboration pour revoir à la hausse les salaires des présidents directeurs généraux et des hauts cadres de l’administration et des entreprises publiques.

Par ailleurs, sous prétexte de la stabilisation présumée de la situation des finances publiques, le document gouvernemental révèle sa démarche qui se base sur un supposé cadrage des besoins de financement en fonction de la capacité effective de mobilisation des ressources, la limitation des sources des dérapages financiers (masse salariale et subventions) et la gestion des risques provenant de la situation délicate des entreprises publiques.

Le gouvernement prévoit dans son document-programme de mobiliser des ressources de trésorerie sur la période 2022-2024 de 60,5 milliards de dinars mais ses ressources comme d’ailleurs les autres ressources colossales du budget seront dépensées de la même manière adoptée depuis 2011.

Au fait, on prévoit sur la période un accroissement des salaires à 23,062 milliards de dinars, une enveloppe pour les subventions et les transferts sociaux de 40,0 milliards de dinars et un déficit budgétaire cumulé de 26,2 milliards de dinars : des chiffres dénotant un échec renouvelé et une faillite continue au niveau de la conception du modèle de la gestion des finances publiques tunisien.

Toutes ces données montrent encore une fois que les objectifs présentés aussi bien au niveau des reformes budgétaires que de la politique financière ne sont ni réalistes ni réalisables, d’une part et que la conception des reformes a été faite sans étude quantitative et en dehors d’une modélisation économétrique normative.

La multiplication promise des salaires des dirigeants des entreprises publiques sera comme il y a plusieurs années un cadeau de valeur pour ces dirigeants sur le compte du contribuable et des plus démunis.

Jusqu’à ce jour, le dossier des nominations des directeurs généraux infestant toutes les sphères de l’Etat faites par Mechichi et ses prédécesseurs n’a pas été ouvert. Le simple changement de ministres n’a aucun impact sur le système politique déchu qui continue à sévir.

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