Economie

Sommet sur le Climat : Les Émirats annoncent 4,5 milliards $, Tunis et d’autres attendent encore les 600 milliards du G7 et les 150 de l’UE

Sommet sur le Climat : Les Émirats annoncent 4,5 milliards $, Tunis et d’autres attendent encore les 600 milliards du G7 et les 150 de l’UE

L’Afrique organise son premier Sommet sur le climat. Il était grand temps, le continent étant celui qui pollue le moins mais qui paye le plus le prix du changement climatique, avec surtout des sécheresses sans précédent qui menacent directement sa sécurité alimentaire. L’Occident, le monde ont promis de réparer cette injustice mais la Tunisie et les pays qui souffrent le plus du dérèglement climatique n’ont pas vu la couleur des 100 milliards de dollars en dépit des promesses réitérées à chaque Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques (COP). Cette fois les Africains ont décidé de faire les choses autrement en “vendant” le potentiel du continent dans l’énergie verte, des projets qui non seulement changeront le destin de l’humanité mais sont aussi très rentables. Ce langage les investisseurs semblent l’avoir compris et les Émirats arabes unis ont frappé fort au deuxième jour du Sommet de Nairobi (Kenya), hier mardi 5 septembre, avec une annonce de 4,5 milliards de dollars….

Du beau monde pour des enjeux capitaux, à 100 jours de la COP28 qui aura lieu à Dubaï. Une trentaine de chefs d’État et de gouvernements africains ont rallié Nairobi. La Tunisie est représentée par sa ministre de l’Environnement, Leila Chikhaoui. Le continent avec son 1,4 milliard d’habitants a toutes les ressources humaines et naturelles pour devenir rapidement une grande puissance en matière d’énergies renouvelables. Jusqu’ici il manquait la volonté politique, pourvu que l’élan de Nairobi ne retombe pas.

En ouvrant le sommet lundi 4 septembre le président kényan, William Ruto, a souligné que l’Afrique avait une “opportunité sans équivalent” pour sortir des affres du réchauffement climatique, à condition que les financements soient au rendez-vous. Mais ça dépendra aussi de l’activisme des Africains, de leur capacité à maintenir la cadence pour que les investisseurs gardent la flamme. En tout cas sur le papier ça part bien…

Sultan bin Ahmed Al Jaber, ministre émirati de l’Industrie et des Technologies avancées et président de la COP28, a indiqué qu’un consortium englobant Masdar – une société d’énergie renouvelable contrôlée par le gouvernement émirati –  contribuera à produire 15 gigawatts d’énergie propre d’ici à 2030. A noter que la capacité de production d’énergie renouvelable de l’Afrique était de 56 gigawatts l’an dernier, d’après l’Agence internationale des énergies renouvelables. Cela donne une indication sur le potentiel du continent et sur le travail à abattre pour être au niveau des enjeux mondiaux.

En dépit de ses immenses ressources naturelles seuls 3% des investissements énergétiques à l’échelle de la planète se dirigent vers le continent africain. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a invité le monde à faire de l’Afrique “une superpuissance des énergies renouvelables (…). Les énergies renouvelables pourraient être le miracle africain“, a-t-il dit dans son allocution. Il s’est adressé dans la foulée aux dirigeants du G20, qui se rencontrent ce week-end en Inde, en leur demandant d'”assumer [leurs] responsabilités” dans le combat contre le changement climatique.

Il faudra faire en sorte que les engagements de Nairobi soient tenus. Mais il y a aussi le paquet de 150 milliards d’euros promis lors du Sommet Europe-Afrique en février 2022 à Bruxelles (Belgique), dans le cadre du méga plan “Global Gateway“. L’Afrique attend toujours ces financements. Comme elle attend les 600 milliards de dollars évoqués par le président américain Joe Biden et le G7 en juin 2022.

Il a été convenu à Paris (France) en 2015 de contenir le réchauffement climatique “bien en-dessous” de 2 degrés par rapport à l’ère préindustrielle, voire 1,5°C. Mais cela passera par une migration vers l’énergie verte dans les pays en développement. Et selon l’Agence internationale de l’énergie il faudra que les investissements actuels soient multipliés par huit pour monter à 2000 milliards de dollars (1852 milliards d’euros) par an d’ici une décennie.

Sultan Al Jaber a pointé la nécessité d’une “intervention chirurgicale sur l’architecture financière mondiale construite pour une époque différente” et a demandé dans ce sens aux institutions internationales – FMI et Banque mondiale essentiellement – d’alléger le fardeau de la dette qui plombe de nombreux pays. D’autres ont émis cet appel avant lui, sans résultats. On verra si l’urgence climatique vaincra les résistances…

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