Société

Tunisie – Discours mitigé de Ghannouchi entre conciliation, menaces, et appel à ses troupes

Tunisie – Discours mitigé de Ghannouchi entre conciliation, menaces, et appel à ses troupes

Le président du parti islamiste d’Ennahdha et de l’ARP gelée, Rached Ghannouchi a accordé, ce jeudi, une interview à l’agence France Presse. Un canal de communication qu’il s’est ouvert pour faire parvenir sa voix et ses opinions, dans un monde qui lui devient hermétique.

Ghannouchi s’est, comme il était attendu, présenté dans l’habit de la victime d’un putsch et d’ultime gardien de la démocratie en Tunisie, voire, même, du printemps arabe, dans un clin d’œil aux instigateurs de ce sombre épisode de l’histoire du monde arabe, histoire de demander leur soutien.

Ghanouchi qui adore l’exercice de la communication et qui a pris, la première crise passée, le temps de fignoler son allocution, a tout fait pour paraître dans la robe du moine conciliant, à la main tendue, prêt à toutes les concessions. Il a, néanmoins tenu à assurer qu’il ne ferait cela qu’à la condition d’un retour à la « démocratie ». Il a déploré, à ce sujet l’absence totale de contacts avec Kaïs Saïed et son entourage, et a appelé, encore une fois, à un dialogue pour essayer de trouver une issue de secours de cette situation, ne serait-ce que pour la mise en place d’un gouvernement. Et à propos du gouvernement, il a assuré qu’il n’y aurait aucun gouvernement légitime tant qu’il n’aura pas été plébiscité par le parlement.

Par la suite, Ghannouchi est passé à l’essentiel du message qu’il voulait passer, profitant de ce passage sur un média qui risquerait de ne pas se répéter de sitôt. Il a adressé un message de menace à Kaïs Saïed et à tous ses supporters en assurant qu’il a essayé d’éviter un bain de sang dans un affrontement avec l’armée. Et qu’il a du demander à ses « milliers » de partisans qui marchaient vers la capitale de rebrousser chemin, et qu’il voulait privilégier la voie du dialogue. Mais qu’il est prêt à demander au peuple de défendre sa démocratie. Ce qui sonnait aussi bien comme une menace à l’Etat, que comme un cri de ralliement de ses troupes.

Cet appel à ses troupes est la suite logique qu’il avait prévue, dès le début en s’offrant en spectacle devant les grilles du parlement, en compagnie d’une armée de photographes, pour les motiver à venir lui sauver la face et le soutenir dans sa guerre sainte !

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