Economie

Tunisie – Fitch : Lecture rationnelle d’une notation subjective

Tunisie – Fitch : Lecture rationnelle d’une notation subjective

L’espoir est-il (toujours ?) autorisé, mais la réalité est dure à encaisser : la non-conclusion, à ce jour, d’un programme avec le FMI et l’absence de signes positifs concernant ce sujet ont pesé lourdement sur la dernière notation de Fitch.

L’agence de notation a décidé, ce 9 juin 2023, de dégrader la notation souveraine de la Tunisie de « CCC + » à « CCC- » confirmant ainsi le positionnement de la Tunisie au grade hautement spéculatif avec un niveau de risque crédit substantiel et … une éventualité de défaillance.

L’impact de cette décision, malheureusement ne fera qu’amplifier les difficultés actuelles de la Tunisie en matière de fluidité des opérations commerciales et financières à l’international. Tous les opérateurs économiques tunisiens seront concernés.

Du côté des investissements, cela pourrait impacter, mais pas trop, les intentions.

Il est indéniable que le contexte tunisien demeure toujours propice à l’investissement. Aussi, l’économie tunisienne se distingue par un stock d’investissement stables : il s’agit davantage d’IDE et non d’investissements de portefeuille qui sont volatiles par essence.

Parallèlement, dans son communiqué du 09 juin, Fitch laisse subsister une lueur d’espoir. Et pas des moindres ! Une action de revue des notations accordées par cette agence à certaines banques de la place et une possible augmentation de la couverture de défaillance du risque ou CDS (credit default swap) relatif au papier tunisien.

Mais, il ne faut pas s’en cacher : la non-conclusion à ce jour d’un programme avec le FMI et l’absence de signes positifs concernant ce sujet ont pesé lourdement sur cette notation.

En effet, dans l’immédiat, l’agence estime que le pays serait incapable de couvrir tous ses besoins en financement extérieur, estimé à plus de 16 milliards de dinars, d’ici fin 2023.

Même dans un scénario optimiste d’accord avec le FMI, les délais de décaissement et de mise en œuvre des réformes, dont les actions préalables convenues, font en sorte que les fonds ne seraient mobilisés en totalité à la fin de l’exercice.

A moyen terme, cette situation alimente le risque d’un resserrement plus prononcé des ressources extérieures, car les créanciers officiels de la Tunisie associent leur soutien à un programme de réformes avec le FMI. Ceci est de nature à affaiblir les finances publiques et la position extérieur de la Tunisie et à augmenter bien évidemment la probabilité de défaillance, sachant que in fine la mission de Fitch, et par conséquent de toute agence de notation, est d’évaluer la capacité des souverains à honorer leurs engagements financiers. Ladite capacité à été mise à rude épreuve, entre autres,  par Mme Nemssia, ministre de son état, qui a jeté une pierre dans la marre en déclarant que le dernier prêt de l’Afreximbank servira à honorer d’autres dettes !

Malheureusement, certains aspects positifs soulevés dans le communiqué de Fitch ; comme la maitrise des déficits jumeaux, de la dette publique et de l’inflation ; ont été étouffés par la question relative aux relations avec le FMI. Des signes d’espoir quant à la capacité de la Tunisie à regagner sa place parmi les pays résilients économiquement et financièrement une fois les inquiétudes de l’agence dissipées ? De bon augure. Mais, un travail herculéen reste à faire ! 

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut