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Tunisie – L’austérité peut conduire à une récession (Rapport)

Tunisie – L’austérité peut conduire à une récession (Rapport)

Dans le passé, les gouvernements égyptien, tunisien et libanais, en particulier, se sont peut-être contentés de se serrer la ceinture et de réduire leurs dépenses face aux crises financières. 

Néanmoins les déséquilibres actuels sont si importants que des mesures d’austérité radicales pourraient conduire à de graves récessions, qui à leur tour pourraient déclencher des troubles sociaux. C’est ce qui ressort un nouveau rapport publié le 29 août 2023 par l’institut de recherches « Carnegie Middle East Center ».

Eviter l’austérité simpliste

Le rapport souligne qu’il est temps pour ces trois pays, objet de son étude, de lancer une initiative nationale fiable pour parvenir à une reprise économique, au lieu de prendre de simples mesures d’austérité, comme celles mises en œuvre dans les années 1980.

On note, d’un autre côté, que les trois pays ont cherché à soutenir les revenus et la consommation et à reporter les réformes en raison du niveau insoutenable de l’endettement extérieur. Pendant une décennie, ces pays ont profité de la disponibilité de crédits internationaux faciles et de plans de sauvetage financiers en série.

Répercussions des budgets expansionnistes

Les gouvernements des trois pays ont adopté, de ce fait, des politiques budgétaires expansionnistes dans le but d’apaiser les tensions à la suite des soulèvements du printemps arabe mais le creusement des déficits budgétaires a engendré une baisse de la croissance économique, indique-t-on.

Ensemble, ces deux facteurs ont conduit à une forte augmentation du ratio dette publique/PIB, la dette publique en Tunisie étant passée de 40% du PIB en 2010 à 85% en 2020, de 70 à 95% en Égypte et à 180% au Liban. En raison de ces ratios d’endettement, très élevés par rapport aux normes mondiales, les trois pays sont plus vulnérables aux chocs (tels que la pandémie de Covid-19, la guerre russo-ukrainienne et le resserrement des conditions mondiales de crédit) qui ont ébranlé l’économie mondiale.

S’appuyer uniquement sur d’importantes réductions budgétaires et des hausses d’impôts pour stabiliser la dette serait très coûteux en termes de stabilité, assure le rapport de Carnegie surtout après une décennie de mauvaises performances économiques.

L’austérité conduit à l’instabilité

En Égypte, en Tunisie et au Liban, la plupart des dépenses publiques servent désormais à payer les salaires des fonctionnaires, à subventionner les produits de base, à aider les entreprises publiques et à payer les intérêts de la dette – tout cela dans l’intérêt d’acteurs sociaux et autres – même si la viabilité économique est menacée, selon le rapport.

On s’attend, à ce titre, à ce que les effets sociaux et politiques de l’austérité conduisent à davantage d’instabilité, surtout en l’absence d’espoir d’une croissance économique future qui compenserait les sacrifices à court terme.

Difficultés de la restructuration de la dette

La majeure partie des réformes dans les trois pays se concentrent sur le passage du système de subventions aux filets de sécurité sociale. La hausse des prix du pétrole et des produits alimentaires a constitué un choc majeur pour les pauvres. 

On constate enfin que la restructuration de la dette extérieure ne permettra pas d’alléger efficacement le fardeau de la dette d’aucun de ces trois pays, dans la mesure où une grande partie de cette dette appartient à des créanciers multilatéraux qui n’acceptent pas sa renégociation. En outre, la dette publique extérieure ne constitue qu’une petite partie de la dette publique totale, puisqu’une grande partie de celle-ci est intérieure. Ainsi, la réduction de la dette implique de répartir d’importantes pertes entre les acteurs locaux.

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