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Ukraine : Chronique d’une catastrophe annoncée et elle vient du principal soutien, les USA

Ukraine : Chronique d’une catastrophe annoncée et elle vient du principal soutien, les USA

Indéniablement la Russie est lourdement impactée par les sanctions qui progressivement étouffent l’économie et la sphère financière. C’est ce qui a contraint Moscou à activer le levier de la Banque centrale sur les taux directeurs. Il est aussi question, à moyen terme, d’instaurer un rouble numérique pour contourner le plus possible le verrou des sanctions. Bon, ce sera kafkaïen mais les autorités russes tenteront le coup. C’est d’ailleurs le seul moyen d’éviter au pays un marasme économique et financier, avec son lot d’inflation qui finira par saper les dernières réserves de patience de la population et donc menacer directement le régime de Vladimir Poutine. Donc les sanctions fonctionnent, mais on ne pas peut en dire autant de l’aspect militaire. Le maître du Kremlin, pour le plus grand malheur de l’adversaire – l’Ukraine -, est loin d’être par terre.

La faute aux Occidentaux, qui ont trop lambiné

Il n’a échappé à personne que l’artillerie et l’aviation russes pilonnent de plus belle les installations ukrainiennes. Moscou appelle ça des cibles militaires mais ne prive pas de semer la mort et la désolation dans les quartiers résidentiels. Les missiles russes pleuvent toujours, quotidiennement, sur la capitale ukrainienne, Kiev et les autres grandes villes. Les dégâts sont tels que le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a claironné le mardi 15 août que “les ressources militaires de l’Ukraine sont quasiment épuisées“. Et Choïgou n’a pas tout à fait tort…

Les alliés occidentaux ont tellement traîné les pieds pour livrer les armes lourdes que réclame à cor et à cri l’Ukraine que la Russie a eu tout le temps de réorganiser et requinquer son industrie militaire. Même quand les USA aident ils le font par compte-goutte, ce qui laisse le temps à l’ennemi de les repérer et de les pulvériser. Kiev n’a jamais pu bénéficier de livraisons massives et dans un court laps de temps pour mener les opérations qui auraient pu être décisives. Entre temps l’armée russe a soigneusement miné les terres conquises, une des raisons de la léthargie de la contre-offensive ukrainienne.

Mais ce ne sont pas les seuls problèmes de Kiev. Hier mardi le gouvernement britannique a vanté “la plus grande action jamais menée par le Royaume-Uni” pour empêcher la Russie de mettre la main sur les fournitures militaires étrangères. Les sanctions ciblent des entreprises et des particuliers opérant en Turquie, à Dubaï, en Slovaquie et en Suisse…

Ce que les Britanniques ne diront jamais

Le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, a dit que les mesures “réduiraient encore l’arsenal de la Russie et fermeraient le filet sur les chaînes d’approvisionnement qui soutiennent l’industrie de la défense de Poutine en difficulté“.

Il voit juste peut-être mais force est de reconnaître que jusqu’ici tout ce qui a été fait par le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union européenne n’a pas bloqué la Russie dans ses manoeuvres sur le marché international pour acheter les équipements militaires dont elle a besoin. Le ministre britannique aurait dû commencer par expliquer pourquoi une des compagnies nationales, le géant Shell, continue d’acheter les hydrocarbures russes en dépit des sanctions et comment il fait pour les contourner.

Le fait est que le business avec Poutine n’a jamais cessé et le ténor français Total en sait quelque chose. Et c’est tout cet argent que continue d’amasser le Kremlin qui lui permet de se payer des pièces occidentales essentielles pour son armement, notamment les micropuces. Par exemple les missiles balistiques et de croisière qui frappent régulièrement les infrastructures ukrainiennes sont très friands des composants électroniques conçus aux USA, au Royaume-Uni, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Japon, en Israël et en Chine.

En juin dernier l’Institut KSE de Kiev, en partenariat avec la cellule internationale Yermak-McFaul, a répertorié 1057 composants étrangers distincts identifiés dans 58 pièces d’armes russes récupérées. C’est beaucoup. Par ailleurs il a été établi que les micropuces et les processeurs représentaient près de la moitié des composants dont les deux tiers étaient produits par des entreprises américaines. Les cinq fabricants les plus importants étaient tous américains, dont Analogue Devices, Texas Instruments, Intel…

Un secret de Polichinelle et de gros dégâts dans la durée

D’après le rapport de KSE & Yermak McFaul “il existe de nombreuses entreprise (…) prêtes à prendre des risques substantiels pour répondre aux demandes d’approvisionnement russes.” Ces sociétés, dit le rapport, sont disséminées dans le monde entier, mais surtout en République tchèque, en Serbie, en Arménie, au Kazakhstan, en Turquie, en Inde et en Chine.

Ben Hilgenstock, économiste principal à KSE, a déclaré sans détours que la chasse aux intermédiaires téléguidés par Moscou était “un jeu du chat et de la souris” animé par une pléthore d’entreprises qui échappent aux radars. “Je ne sais pas dans quelle mesure nous allons jouer le jeu si nous sanctionnons cinq entreprises (…). Cela ne résoudra pas le problème car il est tout simplement trop facile de créer une nouvelle entité ailleurs“, a-t-il confié à la BBC.

C’est cela le principal problème de Volodymyr Zelensky. Si les Occidentaux ne se donnent pas les moyens de frapper au moins partiellement ce système les tourments de l’Ukraine et du monde entier s’éterniseront…

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