On le savait et on l’a dit à maintes reprises, mais quand c’est asséné par Evgueni Prigojine, le sulfureux artisan de l’organisation paramilitaire Wagner, ça prend encore plus de relief. L’homme d’affaires, qui appartient au cercle du président russe Vladimir Poutine et qui lui a rendu beaucoup de services en Afrique et ailleurs, a mis les pieds dans le plat ce mercredi 24 mai : Aucun des objectifs n’a été atteint en Ukraine et “l’invasion russe” est un cuisant “échec“…
Les rats quittent le navire
Le chef de la tristement célèbre bande de mercenaires, classée “organisation criminelle internationale” par les USA, a démoli tout ce qu’a fait son patron et mentor en matière de stratégies pour gagner la guerre. Il s’en est vertement pris à ses ennemis de toujours, les plus hauts cadres du ministère russe de la Défense. Il les accuse d’avoir failli dans la sécurisation du pays, en témoigne la frappe des unités pro-ukrainiens dans l’oblast de Belgorod. Prigojine a brocardé la “dénazification” et la “démilitarisation” brandies par Moscou pour lancer ses troupes le 24 février 2022, tout en reconnaissant les exploits militaires de l’Ukraine.
“La dénazification dont nous parlons a légitimé l’Ukraine, elle a permis à l’Ukraine d’être une nation connue dans le monde entier“, a déploré “le cuisinier de Poutine” dans un entretien publié sur sa chaîne Telegram. “Comment l’avons-nous démilitarisée ? Mais nous l’avons en fait militarisée. C’est maintenant l’une des armées les plus puissantes“, a-t-il ajouté.
“L’assaut russe a renforcé la position de l’Ukraine dans le monde et a transformé son armée en une force bien plus puissante grâce aux milliards de dollars de fourniture d’armes américaines et européennes (…). D’une certaine manière, nous ne réussissons rien, […] nous n’avons tiré aucune conclusion jusqu’à présent“, a-t-il dit, très amer. Il a enchaîné en égrainant les revers successifs de l’armée russe depuis qu’elle s’est cassée les dents sur la capitale ukrainienne, Kiev, rapporte le site Bloomerg.
2,7 milliards d’euros, le Storm Shadow britannique, les F-16… : il est cuit
On peut soupçonner le chef de Wagner de commencer à déployer une tactique pour tenter de passer entre les gouttes quand l’édifice du Kremlin s’écroulera. Ce n’est pas impossible pour un homme de cet acabit, mais le fait est que la réalité sur le terrain corrobore ses propos. L’Ukraine n’a jamais été aussi attaquée par l’artillerie et l’aviation russes, pourtant elle ne s’est jamais aussi bien défendue. Les assauts répétés de ces derniers jours n’ont fait que des dégâts mineurs, en dépit de leur intensité.
L’armée de Volodymyr Zelensky le doit au système de défense américain Patriot, qui a démontré qu’il est parmi les tout meilleurs au monde si ce n’est le meilleur. Par trois fois il a infligé des défaites cinglantes aux missiles russes et drones iraniens, et même aux fameux missiles hypersoniques “Kinjal” (poignard) que Poutine disait invincibles en 2018 et qui ont été un flop monumental sur le théâtre de guerre.
Et Kiev enchaîne les bonnes nouvelles : la tournée de Zelensky en Europe lui a permis de décrocher de puissants soutiens, notamment les 2,7 milliards de dollars annoncés par l’Allemagne et les redoutables missiles Storm Shadow que les Britanniques livreront par centaines. Washington jusqu’ici recule face à la perspective de donner à l’Ukraine des armes de longue portée – les missiles ATACMS, 320 kilomètres -, mais avec Storm Shadow c’est 250 km, jusqu’aux bases-arrière de l’armée russe, jusqu’en Russie. Ça changera tout.
Les avions F-16 compléteront le tableau et accéléreront la déconfiture de Moscou. Les alliés occidentaux ont déjà commencé à former les pilotes ukrainiens pour manier ces merveilles technologiques américaines et les alliés européens se sont portés volontaires pour fournir les avions de chasse. Indéniablement le temps joue contre le maître du Kremlin, seul face à cette guerre qu’il a imposée au monde. Aucun de ses alliés, même les plus puissants, même la Chine, n’osera bouger le petit doigt pour le secourir militairement.
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