A la une

Un séisme en Afrique : Le président togolais renonce à ses pouvoirs et instaure un régime parlementaire à l’anglaise

Un séisme en Afrique : Le président togolais renonce à ses pouvoirs et instaure un régime parlementaire à l’anglaise

Les députés togolais ont validé hier lundi 25 mars une nouvelle Constitution qui instaure un régime parlementaire complet, le même modèle qu’au Royaume-Uni, en Italie, en Belgique, etc. En Afrique où les chefs d’Etat concentrent quasiment tous les pouvoirs conduisant à des dérives monarchiques la chose est inédite. On verra dans la pratique comment les Togolais vivront avec cette révision constitutionnelle révolutionnaire…

Le nouveau texte dit que le chef de l’Etat togolais sera désormais désigné “sans débat” par les parlementaires réunis en congrès “et pour un mandat unique de six ans“. Jusqu’ici le président de la République était élu au suffrage direct pour un mandat de 5 ans, renouvelable une fois. C’est terminé, désormais c’est le parti qui sort majoritaire des législatives qui conduira aux destinées du pays. Il n’y pas qu’en économie où le Togo donne des leçons à l’Afrique.

Théoriquement un mandat unique de 6 ans, sous la surveillance du Parlement, met définitivement un terme à tout risque d’autocratie et encore plus de dictature. Et c’est le parti au pouvoir, l’Union pour la République, majoritaire au Parlement, qui a lui-même proposé ce texte. Il a été voté quasiment à l’unanimité, 89 voix contre une seule abstention ; l’opposition a boudé les législatives de 2018 et par conséquent n’a aucun élu au Parlement…

En prenant ce virage le président Faure Gnassingbé, âgé de 57 ans, cherche sans doute à susciter un intérêt accru de ses opposants pour la chose politique, à créer une vraie vie politique dans un pays où la présidentialisation à outrance du régime, depuis des décennies (Étienne Eyadéma Gnassingbé, le papa de l’actuel président, a régné de 1967 à son décès, en 2005), rebute beaucoup d’acteurs.

Le Togo bascule donc dans la 5ème République, avec un nouveau poste tracé par la nouvelle constitution : “Président du Conseil des ministres” avec la “pleine autorité et le pouvoir de gérer les affaires du gouvernement et d’être tenu responsable, en conséquence“….

Une fois le texte promulgué “le chef de l’État est pratiquement désinvesti de ses pouvoirs en faveur du président du Conseil des ministres, qui devient celui qui représente la République togolaise à l’extérieur, qui dirige effectivement le pays dans la gestion quotidienne“, a précisé Tchitchao Tchalim, président de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale à l’Assemblée nationale.

La fonction de président de la République au Togo devient donc honorifique, protocolaire. Les pairs africains de… n’applaudiront pas, ça ne leur plaira pas, dans un continent où c’est plutôt la tendance inverse qui monte en puissance : Des pouvoirs exécutifs tout-puissants et carrément des juntes militaires suite à des coups d’Etat. Mais le tout nouveau président du Sénégal – âgé de 44 ans – a lui aussi annoncé qu’il réduira considérablement ses pouvoirs et en donnera beaucoup plus au Premier ministre. Donc l’espoir en Afrique est permis.

 

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut