Depuis l’annonce des résultats du premier tour des législatives presque plus personne ne parle plus d’Éric Zemmour. La “Reconquête!” qu’il avait claironnée restera un voeu pieux. La météorite de l’extrême droite disparaîtra aussi vite qu’elle est apparue, et c’est une très bonne nouvelle pour la France, pour les amoureux de la France. Zemmour avait fait le pari de l’outrance, des excès et s’était juré de dépasser le fondateur du Front national (FN), le très controversé Jean-Marie Le Pen ; il avait promis de faire mieux que celle qui a repris le flambeau, sa fille Marine Le Pen, in fine l’ancien journaliste du Figaro s’est brûlé les ailes et ira peupler le cimetière des ambitieux de la politique.
Après un discours incompréhensible et atone, qui tranche avec ses saillies sur les plateaux de télévision, Zemmour s’est éclipsé. Sa descente aux enfers a commencé à l’élection présidentielle du 10 avril 2022, avec un piteux score de 7,3% au premier tour. Après il rata complètement son atterrissage quand Marine Le Pen lui ferma la porte d’une alliance pour le second tour et les législatives. Depuis rien n’allait plus. Ses rangs commencèrent à se dépeupler et en dépit de quelques prises de guerre arrachées au Rassemblent national (RN) de Le Pen, la machine Zemmour commença à se détraquer irrémédiablement, jusqu’à cette troisième place dans le Var – à peine 4,2% au niveau national – qui stoppe net ses ambitions plus grandes que sa personne…
Écrivain à succès et polémiste de talent, l’ancien journaliste a affûté ses armes sur les plateaux de télévision et avait coutume de laminer tous ses contradicteurs. Il s’est alors mis à faire un raccourci fatal en pensant qu’il pouvait transposer tels quels ses discours haineux (vis-à-vis des étrangers, des musulmans, des femmes et j’en passe) dans un programme politique. Et là il a multiplié les dérapages sur les Algériens qu’il a promis de renvoyer chez eux, comme s’ils n’étaient pas aussi français que lui et même sur les réfugiés ukrainiens qui vivent le calvaire que l’on sait. À ajouter à l’apologie de la colonisation, à ses affaires scabreuses avec les femmes et ses disparitions dans les magasins au moment de régler sa facture, etc.
Zemmour n’était pas fait pour le destin qu’il s’était fabriqué, pour faire comme le général de Gaulle qu’il a singé avec un mauvais goût manifeste, les législatives lui ont rappelé sa vraie place. Le costume présidentiel était beaucoup trop large pour lui, celui de député également…
Finalement il est heureux que les partis phares du second tour des législatives, NUPES (la Nouvelle union populaire écologique et sociale) de Jean-Luc Mélenchon et Ensemble! d’Emmanuel Macron, aient autre chose en bandoulière que le racisme et la xénophobie, et que leur horizon indépassable ne soit pas l’expulsion des Arabes et des Black pour régler les problèmes des “vrais Français”. Zemmour c’était aussi nauséabond que ça et ceux qui aiment la France, qu’ils y vivent ou pas, ne comprenaient pas son fulgurant essor politico-médiatique. Il est sain que cette anomalie soit corrigée…
Il faut souhaiter que la disgrâce de Zemmour fermera définitivement la porte de la haine bête et méchante qui ne résout aucun problème existentiel, bien au contraire, la porte du racisme primaire, celui qui divise, tue et ronge une nation de l’intérieur jusqu’à la faire imploser.
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