Le décret scellant la disparition du corps diplomatique français a été signé samedi 16 avril 2022 et publié dans le Journal Officiel le lendemain. Le président Emmanuel Macron avait dévoilé ses intentions dès le printemps 2021, mais peut-être qu’à l’époque tout le monde n’avait pas mesuré l’ampleur de la chose. Maintenant que c’est acté, ça s’agite beaucoup depuis hier lundi…
Le ministère des Affaires étrangères n’aura plus le même visage après la réforme impulsée par Macron, au nom de la rationalisation des dépenses publiques et de l’efficience de la haute administration. Fini les conseillers des affaires étrangères et les ministres plénipotentiaires. Cette caste de hauts fonctionnaires – un millier tout de même – sera rayée des tablettes. D’après le texte qui a fait grand bruit sur les réseaux sociaux, ce sera une coupe nette d’ici 2023 dans le réseau très touffu des ambassadeurs et émissaires de la France à l’étranger…
La classe politique s’en émeut et la rivale de Macron au second tour de la présidentielle, Marine Le Pen, ne manquera pas de s’en servir au débat télévisé de demain mercredi 20 avril, en criant à l’affaiblissement de la France et tout le toutim. La candidate du Rassemblement national (RN) a d’ailleurs commencé son tour de chauffe sur les réseaux sociaux en prêtant au président sortant l’intention de “remplacer des serviteurs de l’État impartiaux par du copinage”…
Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième au second tour et dont les électeurs sont courtisés par les deux finalistes, fait également part sur Twitter de son “immense tristesse“. “La France voit détruire au bout de plusieurs siècles son réseau diplomatique. Le deuxième du monde (…). Les copains de promo vont pouvoir être nommés”.
Même son de cloche chez plusieurs élus de droite, de gauche ou centristes. Ils sont rejoints par Gérard Araud, qui a été ambassadeur de France aux USA jusqu’en 2019. “La France sera donc le seul grand pays occidental sans diplomates professionnels. Une histoire de plusieurs siècles s’achève ainsi”, écrit-il sur Twitter. Selon lui Macron ouvre un boulevard vers les “nominations à l’américaine.” Se faisant le porte-voix de l’ancien ministre des Affaires étrangères Michel Barnier, Gérard Araud ajoute : ”à force de caricaturer les diplomates, on oublie que la diplomatie, c’est un métier, une expérience, des connaissances, une tradition, une fierté.”
En fait sur le papier il y aura toujours des ambassadeurs, mais sous une autre forme. La ministre Amélie de Montchalin, en charge de ce dossier, procédera à la refonte de toutes les catégories (dites A+ dans le jargon administratif) pour créer un nouveau corps des Administrateurs de l’Etat. In fine il y aura dans le même corps 12 000 hauts fonctionnaires de toutes les administrations. Au ministère des Affaires étrangères 900 postes seront touchés.
Dans les faits, diplomates, préfets et inspecteurs généraux des finances intégreront cette branche interministérielle. Une manière de “sortir du mimétisme et du conformisme”, a argué de Montchalin dans le journal Le Monde en novembre dernier. Mais “la France aura toujours des ambassadeurs, des consuls, aura toujours d’ailleurs un réseau diplomatique qui est l’un des plus importants au monde”, ajoutait la ministre, dont le but est d’en finir avec le “corporatisme.”
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