Halit Ali Talha, un bébé syrien d’à peine 21 jours, sera à jamais le visage de ces séismes qui ont dévasté la Turquie et la Syrie le 6 février 2023. Six jours sous les gravats et le nourrisson en est sorti indemne, la dépouille de sa maman décédée dans l’effondrement de leur immeuble lui ayant servi de bouclier. Mais pour une vie sauvée comment disparues à jamais ?
Le dernier bilan fait état de plus de 35 000 morts, l’ONU dit que les pertes humaines pourraient “doubler“. Des milliers de personnes manquent encore à l’appel, l’espoir de les retrouver vivantes s’approchant de zéro une semaine après ces tremblements de terre meurtriers. Mais les sauveteurs continuent encore d’y croire depuis le petit miracle syrien…
Le nourrisson est devenu aussi célèbre que son sauveur, Zafer, pompier de profession qui vient d’Istanbul. Il a confié avoir entendu un bruit difficilement identifiable, ni la voix d’un adulte ni celle d’un enfant. Il s’est approché et a découvert une main minuscule, il l’a saisie jusqu’à l’arrivée de l’ambulance.
Le bébé a été admis à l’hôpital et va bien, d’après les informations locales. A côté de ça il n’y a que mort, destruction, désolation, amertume, colère… La ville turque d’Antakya, célèbre pour sa beauté, a été pulvérisée. «On ne peut rien contre la nature, dit Cemal“, confie dépité un professeur de biologie qui a débarqué d’Ankara le lendemain des séismes pour tenter de secourir son fils. Leur immeuble, qui était censé être le plus luxueux et le plus solide de la ville, est tombé comme un château de cartes.
“La terre a ses humeurs, ses mouvements, ça nous échappe et c’est normal. En revanche, on peut s’en protéger par des lois adéquates, strictement appliquées. Notre gouvernement, hélas, fait passer l’électoralisme et la rapine avant l’intégrité. Je le tiens pour responsable de cette calamité“, confie-t-il au journal Le Monde.
«Un coin de paradis», disait la publicité, en soulignant la résistance antisismique du bâtiment. «Quelle escroquerie ! (…). Nos chercheurs, ingénieurs, sismographes ont tiré des enseignements des tremblements de terre passés. On a créé de nouvelles normes de construction, elles ont été bafouées. On a voté des lois pour condamner les constructeurs véreux, on les a amnistiés. Eh bien voilà le résultat !», ajoute-t-il.
Après le deuil viendra la reddition des comptes. Le président Recep Tayyip Erdogan, qui fera face à ses électeurs dans trois mois – il a avancé le scrutin général d’un mois -, a certes liquidé tous ses adversaires politiques mais ne pourra pas faire l’économie de la colère populaire…
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