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Russie : Le début de la fin, le monstre Wagner se retourne contre son créateur, l’Afrique va trinquer

Russie : Le début de la fin, le monstre Wagner se retourne contre son créateur, l’Afrique va trinquer

La Russie, on l’a dit et redit, va mal. “L’opération spéciale” en Ukraine, disait-on le 24 février 2022, est devenue une guerre dans laquelle se débat “la deuxième armée du monde”, un bourbier dans lequel Vladimir Poutine patauge, incapable de terrasser le “petit” voisin 14 mois après l’incursion de ses chars. Si la Russie allait bien on ne verrait pas une myriade de milices émerger pour épauler son armée. Si Moscou allait bien on ne verrait pas la créature de Poutine, le groupe paramilitaire Wagner, s’émanciper au point de menacer ouvertement les caciques de l’armée, avec une violence inouïe. La déliquescence des institutions prend des allures de chant du cygne. C’est le début de la fin d’un système sur lequel les puissants du monde ont fermé les yeux et qui leur a explosé à la figure.

Chronique d’un naufrage annoncé

L’édifice se fissure et prend l’eau de toutes parts. Il ne faut pas se fier aux emportements de l’ex-président et numéro deux du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev, son pays se délite. Même la menace des armes nucléaires ne fait plus peur à personne, et encore moins les troupes ukrainiennes qui ont bluffé tous ceux qui ne pariaient pas un dollar sur eux en février 2022. Par contre l’artisan du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, devrait effrayer celui qui l’a laissé prospérer : Poutine.

Bakhmout symbolise à lui tout seul le naufrage russe. Cela fait des mois que Prigojine l’assiège, promettant un trophée à son bienfaiteur Poutine. Les choses ont mal tourné. Les paramilitaires, d’anciens prisonniers comme leur chef, n’ont même pas assez de munitions pour achever leur sanglante besogne. «Nous allions prendre la ville de Bakhmout avant le 9 mai. Lorsqu’ils ont vu cela, les bureaucrates militaires ont stoppé les livraisons (de munitions) (…) Par conséquent, à partir du 10 mai 2023, nous nous retirerons de Bakhmout», a asséné Prigojine dans une vidéo publiée ce vendredi 5 mai.

L’homme, qui dispose de son propre service de presse et qui est donc incontrôlable, n’a pas fait que ça, il a pondu une autre vidéo dans la nuit de jeudi à vendredi pour tirer nommément sur les patrons de l’armée. Il a accusé le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef de l’état-major russe Valéri Guérassimov d’être la cause des morts dans les rangs de Wagner. Posant derrière des dizaines de dépouilles présentées comme celles de ses soldats il éructe : «Ils sont morts pour que vous puissiez vous engraisser dans vos bureaux !».

S’ensuit un torrent d’injures et vulgarités, avec une rage que manifestement il n’arrivait pas à contenir, avant d’apostropher ses ennemis : «Choïgou ! Guérassimov ! Où sont mes putains d’obus ?!»

Après Poutine l’Occident s’occupera de Prigojine

Bakhmout pourrait être le cimetière des ambitions de ce repris de justice qui a fait des années de prison pour des horreurs innommables. Il n’y a qu’en Russie où un individu pareil est recyclé par les cercles du pouvoir, jusqu’à côtoyer le sommet de l’Etat, Poutine. Reste à savoir ce qu’il adviendra de Prigojine et de ses troupes quand cette guerre sera finie, ce qui arrivera tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre…

Il est certain que Wagner, classé “organisation criminelle internationale” par les USA, ne survivra pas à son mentor, le président russe. Pour le moment l’Occident a d’autres urgences, en premier aider le président ukrainien Volodymyr Zelensky à gagner son duel. Il est évident qu’après ça les alliés de Kiev s’occuperont des miliciens russes, ne serait-ce que pour sécuriser les intérêts de l’Occident dans le monde. En attendant il y a tous les dégâts que Prigojine cause en Afrique.

C’est la seule terre de repli qui restera à Wagner, une très mauvaise nouvelle pour les Africains. Les juntes militaires du Mali et du Burkina Faso, des putschistes, ont fait le choix irrationnel de mettre tous leurs oeufs dans le panier russe, après avoir éjecté l’alliée historique, la France. La multiplication des frappes meurtrières des djihadistes, jusqu’au coeur du pouvoir, démontre que Poutine n’est pas la solution…

Je ne dis pas que la France et l’Occident en général sont la solution idéale, le remède à tout, mais de toute évidence la Russie ne l’est absolument pas. Un simple regard sur notre histoire commune aurait permis à ces pays africains de se rendre compte que les Russes n’ont jamais réglé aucun problème en Afrique. Le Sénégal, la Côte d’Ivoire et d’autres ont eu la sagesse de ne pas céder aux sirènes de Poutine, le Mali et le Burkina auraient dû ouvrir leurs radars.

Et dire qu’il était jusqu’à Versailles en 2017…

Il est loin le temps où le président français Emmanuel Macron déroulait le tapis rouge à Versailles à son homologue russe. Il est loin le temps où ce dernier promenait son yacht, le plus cher du monde, sur les cotes occidentales. Maintenant il est traqué par la CPI de la Haye pour ses crimes du guerres. La Russie s’est fermé quasiment toutes les portes et Poutine ne se remettra pas de la guerre qu’il a imposée à la planète. Ses horizons se sont bouchés et pas que chez ses ennemis – qui sont ses amis d’hier -, chez ses nouveaux partenaires également – la Chine, l’Afrique du Sud… – les choses se compliquent.

Les dirigeants africains ont rendez-vous avec le maître du Kremlin du 26 au 29 juillet prochain à Saint-Pétersbourg, pour le deuxième sommet Russie-Afrique qui est censé expliciter les nouvelles ambitions de Poutine. A coup sûr l’homme que les décideurs africains verront n’aura pas le même punch que le flamboyant leader de 2019. La guerre insensée et sanglante qu’il a provoquée au coeur de l’Europe est passée par là.

 

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