Il ne faut pas chercher en Occident ou en Asie le premier pays au monde à interdire l’importation et la vente des moteurs thermiques, on le trouve en Afrique, à l’Est. L’Ethiopie, qui abrite le siège de l’Union africaine, sera la toute première nation à stopper l’épopée des voitures à essence et diesel. Addis-Abeba le fait certes pour des raisons écologiques, pour sauver la planète et tout le toutim, mais il le fait surtout pour des raisons économiques, budgétaires. Ce pays de 120 millions d’habitants, le 2e le plus peuplé en Afrique, n’a tout simplement plus les moyens de soutenir l’importation du carburant, il en a donc tiré les conséquences.
L’Ethiopie a beau être un ténor de la Corne de l’Afrique la conjoncture a fini par dicter sa loi. Le pays est englué dans une crise financière qui l’a obligé à négocier une restructuration de sa dette, à revoir ses priorités et à accélérer les réformes. Le tassement de l’énorme facture énergétique en fait partie. Les devises sont devenues trop rares pour qu’on les crame à l’import, creusant au passage le déficit commercial. Alors il a été décidé de prendre le virage de la voiture électrique.
Les autorités ont annoncé 439 000 véhicules électriques en mars dernier, 100 000 sont déjà sur les routes, le pays va accélérer le pas. C’est la seule voie pour en finir avec les pénuries de carburant et ces queues interminables devant les stations-service. Cette orientation avait été annoncée le 30 janvier 2024 par le ministre des Transports et de la Logistique, Alemu Sime ; la chose a été confirmée par le chef de l’exécutif, le Premier ministre Abiy Ahmed.
Et le pays aura les moyens de ses ambitions avec le potentiel hydroélectrique du plus grand barrage du continent, le GERD (Grand barrage de la renaissance éthiopienne). L’ouvrage, qui a été inauguré en 2022, au grand dam de l’Egypte et du Soudan, monte en puissance et générera à terme 5000 mégawatts/heure. Le gouvernement promet l’électrification de tout le pays, une énergie abondante et abordable qui signera le glas du moteur thermique…
Reste à régler le problème des bornes publiques de recharge. Pour le moment les futurs acheteurs doivent se rabattre sur les prises domestiques pour recharger les batteries électriques. Encore un casse-tête puisque présentement un habitant sur deux n’a pas accès à l’électricité. Donc ce n’est pas complètement la fin du véhicule thermique, tout ça prendra du temps. C’est la condition pour que les Ethiopiens puissent continuer à se déplacer dans le pays.
Mais enfin le compte à rebours du moteur thermique est lancé. L’Ethiopie a déboursé 6 milliards d’euros en 2023 pour importer du carburant, ça ne peut plus durer. Abiy Ahmed pourra se consoler en se disant qu’il aura 10 ans d’avance sur l’Europe, qui a décrété l’interdiction totale du thermique en 2035… A condition que tout le monde joue le jeu, la relance de la production de voitures à essence et gazole en Allemagne et ailleurs interroge.
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