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Algérie : la France “n’a pas besoin du gaz algérien”, elle veut beaucoup plus

Algérie : la France “n’a pas besoin du gaz algérien”, elle veut beaucoup plus

15 ministres et un secrétaire d’Etat, le moins qu’on puisse dire est que la France met le paquet pour bâtir un avenir radieux avec l’Algérie, après le douloureux passé que l’on sait. La Première ministre française, Élisabeth Borne, a débarqué à Alger hier dimanche 9 octobre avec la ferme intention d’obtenir des avancés irréversibles entre les deux pays, sur des dossiers clés. On nous avait annoncé que Borne était missionnée pour mettre sur la table deux sujets majeurs, le gaz et l’épineuse affaire des visas. A l’arrivée ces sujets ont été débattus mais en posant des jalons pour un proche avenir, idem pour d’autres dossiers essentiels…

Dans la droite ligne de ce qu’avait défriché le président français, Emmanuel Macron, en août 2022, Élisabeth Borne a d’emblée posé des actes mémoriels pour conjurer les épisodes tragiques de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Puis place à la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), une rencontre qui n’a pas eu lieu depuis 2017. “C’est une étape pour bâtir des coopérations plus denses encore entre la France et l’Algérie“, a dit la cheffe de l’exécutif français devant les journalistes au terme de la séance de travail, rapporte France 24.

Borne, qui a réservé à Alger son tout premier déplacement à l’étranger – un “signe fort” -, a paraphé une kyrielle d’accords bilatéraux de partenariat économique. Dans cette “atmosphère de confiance et de fraternité” des gages ont été donnés pour un partenariat “renforcé”  autour de trois axes : l’économie pour “développer le commerce, l’innovation et créer des emplois“, la mobilité et les visas, sans omettre la jeunesse à travers des liens éducatifs et culturels plus forts.

Quid du gaz ? Officiellement la France n’a formulé aucune demande dans ce sens, puisque Paris a annoncé dernièrement que ses stocks de gaz sont au beau fixe pour traverser l’hiver sans encombre, la France s’est même permis de soulager l’Allemagne qui est loin d’être tirée d’affaire. Mais cela n’empêche pas la Première ministre française de “continuer à avancer” avec l’Algérie pour monter le niveau de la production gazière. Rappelons que le français TotalEnergies s’active déjà dans ce sens

Cette visite n’est certes pas sous le sceau de l’économie mais la Première ministre a fait le déplacement avec un grand groupe, Sanofi, qui projette de monter sur place un site de production d’insuline. Quatre PME font également partie du voyage : Générale Energie, qui veut installer en Algérie une usine de transformation de noyaux d’olives ; Infinite Orbits, qui ambitionne de développer le premier microsatellite algérien ; Neo-Eco, qui opère dans le traitement des déchets tels que l’amiante et Avril qui s’active dans la transformation de céréales.

Par ailleurs Business France, un organisme public spécialisé dans les investissements internationaux, a mobilisé plusieurs dizaines d’entreprises pour prendre part au Forum des affaires franco-algérien, qui démarre ce lundi 10 octobre sous l’oeil des deux Premiers ministres.

Voilà, Paris n’a peut-être pas besoin du gaz algérien en ce moment mais a pris date pour aller plus loin. Et puis les dossiers sur lesquels travaillent les Français sont au moins aussi importants que l’énergie, en plus ce sont des niches dans lesquelles le premier fournisseur de l’Algérie, la Chine (elle a 16% de parts de marché, la France est tombée à 10%), n’est pas présente…

Il s’agit surtout, même si Borne ne le dira jamais publiquement, de tout faire pour empêcher les Chinois de grossir encore plus sur le marché algérien et d’empêcher Alger de tomber dans les bras des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), comme le président Abdelmajid Tebboune l’a annoncé publiquement avant la visite de Macron à Alger.

 

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