Abdelmadjid Tebboune le pacificateur… Il sera difficile de coller un autre qualificatif aux actes posés dernièrement par le chef de l’Etat algérien : l’entretien télévisé de haut vol du 31 mars dernier, en direction de la jeunesse et des saboteurs de la République ; la symbolique très forte de la Journée Nationale de l’Etudiant, en direction des mêmes jeunes et le signal très puissant émis en direction des formations politiques. Tebboune qui converse avec la Diaspora, avec les journalistes, etc., c’est assez courant, que le président de la République se réunisse avec toutes les formations politiques siégeant dans les assemblées nationales et locales, le fait est assez rare pour être souligné. C’est même la toute première fois depuis son arrivée au pouvoir, en 2019…
C’était la grosse surprise du 21 mai 2024. Il faut croire que le chef de l’Etat a déjà la tête dans l’après-Tebboune, à 78 ans, et fait ce qu’il faut pour laisser un pays en ordre de marche. Il est vrai que l’homme fort de l’Algérie a rencontré les leaders des partis politiques et des personnalités très en vue, mais il le faisait toujours séparément. Cette fois il y avait 27 formations politiques autour de Tebboune, toutes sensibilités confondues. Seuls les partis qui ont boudé les élections législatives et locales de 2021 n’ont pas été conviés.
Pour la première fois l’exécutif a associé les formations politiques à la réflexion sur des sujets «d’intérêt général, surtout à la lumière des rendez-vous électoraux importants qui arrivent, en plus de la situation régionale et internationale actuelle», d’après la lettre d’invitation envoyée aux partis politiques. «La consécration de la voie basée sur le dialogue et la concertation sera une opportunité pour l’exposition de différentes préoccupations et propositions que la classe politique voudrait soumettre», a indiqué la présidence de la République.
A rencontre exceptionnelle geste exceptionnel : Avant le démarrage des débats Tebboune a mis un point d’honneur à saluer tous les responsables politiques sur place (Abdelkrim Benmbarek, SG du FLN, Louisa Hanoune, SG du PT, Fateh Boutbig, du front el Moustaqbal, Abdelali Hassani, président du MSP, Soufiane Djillali, Président de Jil Jadid, Youcef Aouchiche, premier secrétaire du FFS ou encore Belkacem Sahli, SG de l’ANR, Tahar Benbaibeche, de Fadjr El Djadid, Abdelkader Bengrina, président du mouvement El Bina et Mustapha Yahi, SG du RND, etc.).
La réunion a duré plus de 8 heures, au Centre international des conférences d’Alger. Les patrons de partis ont «partagé leurs vues, fait part de leurs préoccupations et soumis des propositions sur plusieurs questions nationales, avant d’écouter la réponse du président de la République», rapporte Algérie Presse Service (APS)…
On ne sait rien d’autre sur ce qui s’est dit le 21 mai, ce qu’on sait c’est qu’avant la grand-messe de mardi des ténors politiques tels que Louisa Hanoune, Abdelali Hassani, Belkacem Sahli et Soufiane Djillali ont confié aux médias les thèmes qu’ils souhaitaient aborder avec le chef de l’Etat. La fin des obstacles pour les activités politiques, syndicales et associatives et la démocratisation des médias sont les principales doléances du personnel politique
D’autres attendent des gestes d’apaisement, comme des mesures sociales et économiques. Mais la pacification de l’espace politique, les conditions d’une saine concurrence lors du prochain scrutin présidentiel et l’expression libre des électeurs restent la demande phare. Dans les images diffusées par la Télévision algérienne on a vu le chef de l’Etat noter soigneusement les requêtes, mais aucun participant n’a ébruité un quelconque engagement présidentiel. On verra bien.
Pour le moment on s’en tient à ce qu’a assuré la présidence de la République : le but de la réunion était de «promouvoir la pratique politique» et «confirmer la maturité de l’expérience démocratique dans le pays». La même source laisse entrevoir d’autres événements du même type pour donner aux partis politiques une place inédite dans l’orientation des grands dossiers nationaux. Un premier jalon vers la décrispation politique a été posé par ce dialogue que les politiciens appelaient de leurs voeux, ils attendent la suite.
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