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Ce qui attend Saied à Bruxelles, il se défendra énergiquement en citant de Gaulle [Vidéo]

Ce qui attend Saied à Bruxelles, il se défendra énergiquement en citant de Gaulle [Vidéo]

C’est un communiqué officiel très laconique, hier mercredi 16 février en fin d’après midi, qui nous a appris que le président de la République, Kais Saied, prenait son envol ce jeudi pour prendre part au 6ème Sommet Union européenne (UE)-Union africaine (UA). C’est une affaire très courue par les dirigeants africains et européens : Pas moins de 80 chefs d’Etat et de gouvernement africains y prennent part, jusqu’à demain, pour dessiner les grandes lignes du “Global Gateway”, un énorme investissement de 150 milliards d’euros sur 5 ans. Autant vous dire qu’il y aura de la débauche d’énergie pour capter ces milliards, même si on ne sait rien des modalités de cette affaire (mode de financement, le rythme des décaissements, les pays prioritaires, etc.). Reste à savoir si Saied s’est mis dans les meilleures dispositions pour être aux premières loges…

Potentiellement la Tunisie a tout pour jouer les premiers rôles, surtout si le grand saut promis par la ministre de l’Industrie est au rendez-vous. On pourra juste regretter le flou artistique entourant ce voyage de la plus haute importance. Un court communique balancé comme ça la veille ça fait tache, alors que ça fait près d’une semaine que nous nous demandons si la Tunisie va manquer cette grand-messe. Encore une fois le locataire du palais de Carthage snobe les médias, les regarde de haut alors que c’est son devoir d’informer ses concitoyens à travers la presse. Cette dernière en est réduite, une fois de plus, à aller à la pêche à l’information, parfois même dans des médias étrangers. La honte suprême pour un pays qui se targue d’être encore une démocratie…

En parlant de démocratie et des droits humains, il est évident que le chef de l’Etat tunisien ne pourra pas y échapper devant ses pairs européens. Kais Saied s’est certainement préparé à ces joutes, c’est d’ailleurs principalement pour ça qu’il est là-bas. Au regard de ce qu’a dit un responsable européen, il ne faut pas rêver d’un quelconque partage du gâteau du “Global Gateway” si la Tunisie ne donne pas à ses partenaires européens des assurances sur les droits humains et le retour le plus tôt possible aux us et coutumes institutionnels de l’après-Révolution…

Il n’est “pas question d’évacuer les sujets de respect de l’Etat de droit et des droits humains car ils sont le fondement de nos relations avec l’Afrique“, a asséné un responsable européen cité par TV5 Monde. D’ailleurs dès son arrivée devant la salle qui abrite les travaux à Bruxelles, une journaliste a interpellé le chef de l’Etat sur les “dérives dictatoriales” en Tunisie. Saied a alors entamé, manifestement très à l’aise et détendu, un échange très plaisant avec la journaliste. Il a paraphrasé le général de Gaulle, à qui on fit aussi le reproche en mai 1958 de prendre une trajectoire de dictateur. “Comme l’a dit un jour le général de Gaulle, ce n’est pas à cet âge que je vais commencer une carrière de dictateur“, a rétorqué le chef de l’Etat…

Que les opposants du président et les partenaires européens se le tiennent pour dit : Il connait très bien ses classiques et a visiblement décidé de s’en servir pour se défendre bec et ongles. Pour le reste on regrettera qu’il ait pris l’avion en solo, une fois de plus, laissant la presse nationale en rade. La parfaite illustration que quelque chose ne tourne pas rond sous le ciel tunisien, quelles que soient les garanties sur les vertus démocratiques que Saied donnera à ses pairs européens..

Les enjeux à Bruxelles sont énormes. Il ne faudra pas que le président de la République se loupe dans ses explications à Bruxelles, car les Européens eux ne le louperont pas. Il y a déjà eu le gel du chèque 300 millions d’euros, la Tunisie ne peut pas se payer le luxe de rater d’autres trains. Le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Soudan n’ont pas invités au Sommet, pour cause de coups d’Etat et moult dérives dans les droits humains, la Tunisie elle a été invitée. C’est bien la preuve qu’elle reste encore sous les radars de ses partenaires, qu’ils ont encore foi en elle. À Saied de jouer, à lui de convaincre pour sauver sa mise…

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