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COP28 : Ben Salmane et Poutine ont encore gagné, le gaz et le pétrole continueront de dicter leur loi…

COP28 : Ben Salmane et Poutine ont encore gagné, le gaz et le pétrole continueront de dicter leur loi…

Soupe à la grimace pour les écologistes pur jus et les sentinelles de l’environnement. 28ème Conférence de l’ONU sur le Climat (COP28) et autant de déconvenues. «Réduire la consommation et la production de combustibles fossiles d’une manière juste, ordonnée et équitable afin d’atteindre le niveau zéro net d’ici à 2050 ou autour de cette date», dit le texte final de ce méga rendez-vous réduit à sa plus simple expression de show climatique. Le document est suffisamment vague et élastique pour faire le bonheur des pays producteurs de pétrole. Mission accomplie pour la pléthore de lobbyistes dépêchés à Dubaï par les ténors de l’industrie pétrolière.

Mission accomplie surtout pour le président de la conférence, l’Emirati Sultan Al-Jaber, qui a la particularité de piloter la compagnie pétrolière nationale d’Abu Dhabi, ce qui fait bondir les scientifiques et experts. Mais leurs cris ont été étouffés par les milliards de dollars en jeu pour les Emirats arabes unis et compagnie, et surtout le grand-frère qui tirait toutes les ficelles dans les coulisses, l’Arabie saoudite. Riyad a encore vaincu et peut commencer à savonner la planche de la COP29, une partie qui sera d’autant plus facile à gagner qu’elle se déroulera en Azerbaïdjan, un autre pays pétrolier.

La sortie des énergies fossiles brandit-on depuis l’ouverture de la COP28, le brouillon de l’accord final ébruité ce lundi 11 décembre en est très loin. On n’a jamais vu autant de lobbyistes dans une rencontre de ce type. Plus surréaliste encore la requête de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), aux allures d’instruction ferme donnée à ses membres qui prenaient part à la COP28 : Faire capoter tout accord qui incrimine les énergies fossiles dans les changements climatiques…

Les Occidentaux, surtout les Européens – qui eux produisent beaucoup moins de pétrole -, fulminent mais une fois de plus ce sont les responsables de la pollution environnementale qui l’ont emporté. La seule petite concession, une première : la «réduction des énergies fossiles». Mais là aussi aucune indication contraignante et encore moins une date précise pour soulager notre planète. L’accord se borne à souligner un objectif de tripler le volume des énergies renouvelables à l’échelle de la planète d’ici 2030. Ce sera tout.

Le texte évoque aussi l’énergie nucléaire (la voix du président français Emmanuel Macron a pesé lourd et le Maroc, entre autres, a applaudi) et les technologies de piégeage de carbone. Beaucoup – surtout les pays producteurs d’hydrocarbures – y voient la panacée pour régler les problèmes de la planète mais aussi pour soulager leur conscience…

L’expression “unabated” revient trois fois dans cet accord final. Le texte invite à «réduire rapidement le charbon sans captage de carbone» et à fixer des «limites sur les permis accordés pour de nouvelles centrales au charbon» sans captage de carbone (unabated).

Si ce virage n’est pas explicité dans des termes clairs et juridiquement quantifiables à la plénière de demain mardi 12 décembre les producteurs de charbon «pourront continuer leurs activités, simplement en y ajoutant des aspirateurs à CO2 ou en replantant des arbres en guise de compensation», commente une experte.

Quant au financement des énergies fossiles, qui est monté en 2022 à 7000 milliards de dollars d’après le FMI, le texte de l’accord final mentionne très mollement «l’élimination progressive, dès que possible, des subventions inefficaces aux combustibles fossiles». Tout à sa joie, le président de la COP28 Sultan Al-Jaber déclare : «Nous avons fait des progrès mais nous avons encore beaucoup à faire»…

«Nous devons encore combler de nombreux différends», il n’y a «pas de temps à perdre (…). Nous devons parvenir à un résultat qui respecte la science et qui maintienne l’objectif de 1,5°C à portée de main», a-t-il admis en séance plénière. C’est vrai ce qu’il dit, c’est étayé scientifiquement, mais son statut de géant du pétrole le met en porte-à-faux et le discrédite complètement.

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