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Docteur Borhane Belkhiria : Le Liban légalise la culture et la commercialisation du Cannabis à usage médical, … et la Tunisie ?

Docteur Borhane Belkhiria : Le Liban légalise la culture et la commercialisation du Cannabis à usage médical, … et la Tunisie ?

Docteur Borhane Belkhiria, ancien chirurgien militaire, ancien membre du bureau politique de Tahya Tounés, président du syndicat national des chirurgiens esthétiques de Tunisie, milite depuis de nombreuses années pour la légalisation de la culture et du commerce du cannabis en Tunisie. Il revient aujourd’hui sur les raisons pour lesquelles selon lui il faut légaliser cette culture.

« Légaliser le cannabis est pour la Tunisie impératif pour quatre raisons majeures, sécuritaire, économique, sanitaire et sociale.
1- Sécuritaire : Le trafic du cannabis génère pour le milieu criminel une manne gigantesque d’argent sale estimée à plusieurs milliers de millions de dinars. Le chiffre dérangeant avancé en Décembre 2018 par le ministre de la santé de l’époque ,Dr Abderaouf Cherif de 400 000 consommateurs établis entre collégiens et lycéens sonne comme une sonnette d’alarme. Si on considère qu’un consommateur occasionnel fume près de 20 grammes par an, que le gramme se vend aux alentours de 50 Dinars, que le nombre de fumeurs occasionnels d’après des statistiques de mouvements pro-dépénalisation est de l’ordre de 2.5 millions de consommateurs, on peut en déduire que le trafic du cannabis génère annuellement aux narcotrafiquants Tunisiens un chiffre d’affaire de près de DEUX MILLIARDS CINQ CENTS MILLIONS DE DINARS ! Sachant que les principaux circuits d’approvisionnements sont terrestres via nos frontières ouest, on peut aisément comprendre l’existence depuis des décennies de bandes armées organisées qui sous le couvert d’étiquettes religieuses combattantes s’adonnent essentiellement à ce trafic entre les pays du Maghreb. Légaliser le cannabis ôtera toute raison d’être à ces bandes criminelles.
2- Économique : notre pays est aujourd’hui dans une asphyxie économique similaire à celle qu’a connue la Tunisie en 1969 après la malheureuse expérience du système des coopératives de Ben Salah. Une loi audacieuse pour l’époque initiée par Hedi Nouira (la fameuse loi 72) a permis un afflux massif de devises et la création de centaines de milliers d’emplois directs et indirects faisant de la Tunisie et essentiellement la région du Sahel jusqu’à ce jour une référence dans le monde du textile. La similitude de la crise économique actuelle avec celle de l’époque fait que nous avons besoin d’une nouvelle ‘’loi 72’’pour redonner vie et espoir à notre économie et notre pays. La légalisation totale ou partielle ces dernières années du cannabis par les principales économies et puissances mondiales USA, Canada, Espagne, Grèce, … a montré le potentiel économique de cette plante ’’magique’’. On estime le rendement annuel d’un hectare de Sativa transformé en textile, papier, biocarburant, bio-plastique, industrie pharmaceutique, industrie du bâtiment, aliment pour bétail et récréatif à près de 800 000 USD. Notre tourisme aujourd’hui comateux et d’un autre temps se verrait bien paradoxalement réanimer par la manne du cannabis récréatif qui ferait de notre pays l’Amsterdam du sud.
3- Sanitaire : malgré la politique du tout répressif et de la prohibition, le cannabis constitue aujourd’hui un véritable phénomène de société. C’est la troisième substance psychoactive la plus consommée en Tunisie et dans le monde après le tabac et l’alcool. Sa légalisation permettra de ‘’tuer’’ les dealers, de contrôler l’âge de la consommation, de mener des campagnes de prévention et d’en interdire la consommation aux mineurs qui sont les premières victimes des dealers et les premières victimes des effets nocifs du cannabis sur les cerveaux des jeunes adolescents.
4- Social : La loi répressive envers les simples consommateurs a provoqué des drames familiaux et sociaux où des jeunes de 20 ans sont jetés en prison et leur avenir détruit alors que ce sont en réalité des victimes à encadrer, à éduquer et à protéger des dealers et du cannabis, comme du tabac et de l’alcool. Il est temps de ne plus regarder un consommateur comme un criminel mais comme une victime. »

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