Il y a ceux qui restent assis en regardant passer le bulldozer Marine Le Pen. Ils ne votent pas – surtout les étrangers naturalisés -, ne prennent part à aucune activité citoyenne, n’apportent rien à la collectivité et se laissent écraser par le destin qu’on a choisi pour eux. Mohamed Makni n’en fait pas partie. Ce retraité très actif est depuis 23 ans militant du Parti socialiste (PS) et Maire-adjoint de Grenoble-Alpes. Enfin, ça c’était avant ses prises de position sur les horreurs que commet Israël à Gaza au nom du droit aux représailles après l’attaque du Hamas le 7 octobre…
Le militant pulse encore : Touché mais pas coulé
Pour avoir tenu le même discours que le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon et l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin il a été suspendu de toutes ses fonctions politiques et traîné devant les tribunaux pour “apologie du terrorisme“. Il sera jugé en novembre prochain. Mais ça n’affecte en rien sa combativité, bien au contraire. Sa tête fourmille de projets, dont celui de mobiliser les 800 000 Tunisiens de France pour monter une structure – qui reste à définir – afin de peser enfin dans la direction des affaires du pays…
Et après les Tunisiens pourquoi pas les autres citoyens français d’origine étrangère : les Marocains, les Algériens, les Subsahariens, etc. Bref, tous ceux qui pensent que leur épanouissement au sein de la République est menacée par la montée inexorable de la fille du très sulfureux Jean-Marie Le Pen, par qui tout le fiel de l’extrême droite française a commencé.
Chez le papa on a entendu des horreurs du genre les chambres à gaz sont un “point de détail de l’histoire de la deuxième guerre mondiale“. Chez la fille, une avocate chevronnée et qui a beaucoup appris de ses deux finales perdues à la présidentielle, vous n’entendrez jamais ces débordements de langage qui tombent sous le coup de la loi. Le père a été moult fois condamné pour ses écarts, pas la fille, à part ses déboires avec les financements européens quand elle était eurodéputée.
Marine Le Pen a réussi le tour de force de dédiaboliser l’extrême droite au point que même le très respecté Alain Juppé, ancien Premier ministre de Jacques Chirac, tangue. Chirac, à part sa glissade sur “le bruit et l’odeur” (c’était en 1991, le Maire de Paris parlait du tapage et de la cuisine des immigrés), a fait un sans-faute durant toute sa carrière politique. Pas de compromis ou de compromission avec l’extrême droite. Son successeur Nicolas Sarkozy fera voler tout ça en éclats. Et depuis c’est roue libre pour l’extrême droite.
Prendre leur destin en main, enfin…
Les choses sont allées tellement loin que Sarkozy a tissé des lauriers à Marine Le Pen dans son dernier livre. Son habileté est redoutable. Et elle le sera encore plus à la présidentielle de 2027 parce que celui qui l’a battu deux fois au second tour fait son dernier mandat, Emmanuel Macron. Mais pour Makni même ça ce n’est pas gravé sur le marbre, en tout cas pas si les Tunisiens de France et les autres se mobilisent. Avec les 800 000 Tunisiens en France dont au moins la moitié sont des binationaux il y a moyen de s’organiser et de s’imposer…
En face les militants des Verts ne sont que quelque 10 000 adhérents, Sarkozy quand il était au summum de l’UMP ne pesait pas plus de 220 000 adhérents. Clairement “nous les Tunisiens on est en capacité de créer un mouvement“, a argué Makni. “De droite ou de gauche peu importe, mais simplement avec une sensibilité de dire demain y a des élections européennes on doit faire une tournée de tous les partis politiques leur dire c’est quoi votre position par exemple par rapport à la Tunisie. C’est quoi votre regard sur la frontière sud de l’Europe ? Qu’est-ce qu’on va faire de toutes ces transhumances humaines qui font des morts et des morts là-bas en Méditerranée“…
“Comment vous voyez la Tunisie par exemple ? Est-ce que la Tunisie c’est un vivier de compétences et chaque année vous en prenez une quantité de médecins, d’ingénieurs… au détriment du Budget tunisien, parce qu’eux ils ont formé ces compétences, que vous recevez prêts à l’emploi, dentition, vaccins, tout ça Tip Top…“
Autant de questions et problématiques qu’il a soulevées, et bien d’autres, durant l’entretien. Enfin il a lancé un appel en direction de la diplomatie tunisienne et du chef de l’Etat, Kais Saied, pour qu’ils l’aident à fédérer et mobiliser tout ce potentiel qui sommeille en France et qui peut beaucoup apporter à la Tunisie et au continent africain. L’appel est lancé.
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