Ce week-end sur le plateau de Léa Salamé, sur France 2, l’ex-président François Hollande a souligné la nécessité pour sa formation, le Parti socialiste (PS), de monter au front pour stopper l’ascension inexorable du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen. Hollande a pointé, diplomatiquement, la mollesse et l’indolence de l’actuel Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, face à la montée du péril de l’extrême droite. Mais est-ce que l’inexistence de Faure n’est pas préférable à l’activisme du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dont la seule conséquence est de faire gagner à Le Pen 3 points de plus dans les sondages chaque mois ?
Moins on la voit et l’entend mieux elle se porte
Darmanin on l’entend et on le voit beaucoup, beaucoup trop. D’ailleurs Hollande lui a suggéré d’être moins pressé, lui qui cache difficilement ses ambitions pour la présidentielle de 2027 même s’il n’est pas le mieux placé dans son camp (c’est l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, selon les sondages). Il nous fait penser à son mentor Nicolas Sarkozy – Darmanin n’aime pas qu’on lui dise ça -, qui fut lui aussi ministre de l’Intérieur avant d’aller à la présidentielle de 2007. Son mandat unique n’a pas laissé des souvenirs impérissables, à part peut-être une cascade de procès…
Mais même ce mandat unique Darmanin pourrait ne pas y avoir droit. Le hic c’est que tout ce qu’il fait du matin au soir tombe directement dans l’escarcelle de l’extrême droite. Il a oublié que “les Français préféreront toujours l’original à la copie“, comme le disait le papa de Marine Le Pen, Jean-Marie, fondateur du Front national rebaptisé RN pour gommer le souffre qui a jalonné la vie de l’artisan de l’extrême droite française.
La preuve que Darmanin roule involontairement pour le RN : le dernier sondage sur les élections européennes donne Jordan Bardella largement vainqueur face à Renaissance, 28%, 8 points de plus que la majorité présidentielle. Donc toute cette agitation sur les étrangers radicalisés – entendez les musulmans extrémistes -, portée par un ministre de l’Intérieur qui traque le joueur Karim Benzema jusqu’en Arabie saoudite, profite à Bardella et à son mentor Marine Le Pen.
Pourtant cette dernière on ne l’entend pas et on ne le voit pas beaucoup. Elle a bien compris que le silence est d’or, que moins on parle moins on commet des gaffes et que par conséquent le peu qu’on débite se fait sous le sceau d’une certaine profondeur d’esprit que l’extrême droite n’a pas forcément. Mais l’essentiel est que tout le monde le croit. De ce point de vue Sarkozy a vu juste : Marine Le Pen a beaucoup appris, de ses erreurs et errements, de ceux de son père et ça en fait un redoutable challenger pour 2027.
Même le très gaulliste et chiraquien Alain Juppé s’y met
A part ses détournements de fonds européens, quand elle était députée européenne, l’avocate de profession est quasiment inattaquable sur la forme. Pour le fond on repassera. Mais à ce stade l’essentiel est l’habillage, l’impression qu’on donne. Et quand le sujet est très épineux la cheffe de file du RN s’efface volontiers pour laisser passer le jeune et très incisif Bardella, à peine 28 ans. C’est pour cela qu’elle lui a donné les clés du parti pour prendre la tête du groupe parlementaire…
Marine Le Pen avait dit après ses deux finales présidentielles ratées face à Macron qu’elle était éreintée et qu’elle songeait sérieusement à raccrocher les gants. Comment voulez-vous qu’elle ne retrouve pas l’appétit quand tout et tout le monde roulent pour elle ? Et que dire de cette sortie surréaliste du très gaulliste Alain Juppé, “le meilleur d’entre nous“, avait dit feu Jacques Chirac. Le membre du Conseil constitutionnel – depuis 2019 – ancien Premier ministre et moult fois ministre a jeté un énorme pavé dans la mare sur Radio J…
«Est-ce qu’il y a une forme d’islam qui est compatible avec la République ? Je veux encore le croire. Parce que si la réponse est non à cette question, cela veut dire qu’il y a 4 à 5 millions de Français musulmans qui n’ont pas la place chez nous. Et on ne peut pas l’accepter (…). C’est aux musulmans de dire : nous, nous sommes prêts à respecter la laïcité. C’est la liberté d’expression, de religion, de pratiquer sa religion ou de ne pas la pratiquer. Mais en même temps, cela veut dire que la religion n’impose pas sa loi dans la sphère publique», a-t-dit.
Comment voulez-vous que Marine Le Pen ne se dise pas que son heure a sonné ?
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