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France : Ce déballage explosif sur l’école privée catholique de la ministre rend justice au lycée musulman de Lille

France : Ce déballage explosif sur l’école privée catholique de la ministre rend justice au lycée musulman de Lille

Bien malgré elle la nouvelle ministre de l’Education nationale et des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, est prise dans la tempête autour du collège-lycée privé catholique Stanislas. La ministre regrettera amèrement d’avoir retiré ses enfants de l’école publique pour les placer dans ce sanctuaire privé. Au-delà des justifications très maladroites de Mme Oudéa-Castéra qui lui ont valu l’ire des syndicats d’enseignants il y a le contenu du rapport explosif de l’Inspection générale de l’Éducation nationale sur cette école privée, un document déballé hier mardi 16 janvier par Mediapart et que les autorités chercheraient à cacher, selon la même source…

Des faits accablants, pour le lycée et la ministre

Que la ministre justifie le retrait de ses enfants du public par l’absentéisme chronique des professeurs à la limite ça peut se tasser avec le temps, mais qu’elle mette ses petits dans un établissement accusé de graves «dérives» et de pratiques qui transgressent la loi çà ça passera difficilement auprès de l’opinion publique. Comment une ministre peut continuer à piloter l’Education nationale si elle a loupé tout ça ?

D’après Mediapart le rapport de 30 pages pointe un personnel éducatif qui lance des attaques homophobes, anti-avortement ou font ouvertement l’apologie des thérapies de conversion, avec des catéchistes qui exposent «des convictions personnelles qui outrepassent les positions de l’Église catholique, par exemple sur l’IVG».

Le document pointe aussi «des choix et des comportements qui entretiennent les stéréotypes de sexe», avec surtout «une attention particulière à la tenue des jeunes filles empreinte de sexisme». Toujours selon le site d’investigation il est aussi demandé aux victimes de «pardonner aux violeurs».

Le directeur de l’école privée Stanislas, Frédéric Gauthier, est sorti du bois ce mercredi pour démentir catégoriquement.  «Nous nous étonnons de cette publication car l’Inspection générale nous a fait savoir que le rapport ne caractérisant pas de faute susceptible de poursuites disciplinaires, il n’avait pas à être communiqué en l’état», se défend le chef de l’établissement parisien. Il déclare dans un communiqué que ce rapport «n’a pas fait l’objet d’une rencontre contradictoire permettant de recueillir nos observations».

M. Gauthier dit dans ce texte que «les inspecteurs généraux ne confirment pas les faits d’homophobie, de sexisme et d’autoritarisme mis en avant par les articles de presse». Toutefois il a pris acte des «14 préconisations du rapport» même si l’établissement se réserve «le droit de réagir devant la justice face à des accusations mensongères et diffamatoires»…

Un deux poids, deux mesures qui n’honore pas la République

Bref, tout ça est très confus et très dommageable pour l’image de ce lycée privé catholique, accusé carrément de verser dans l’intégrisme et le prosélytisme religieux. C’est aussi très mauvais pour les affaires de la nouvelle patronne de l’Education. Hier dans la soirée le président Emmanuel Macron a défendu lors d’une conférence de presse sa ministre en arguant ses choix personnels et en révélant que lui aussi a été scolarisé dans le public et le privé. Le chef de l’Etat a invité les Français à clore ce chapitre et à se focaliser sur le fond du problème : le «paquets d’heures pas sérieusement remplacées» dans le public.

La ministre aura le temps de faire ses preuves sur ce dossier… ou pas. Mais en attendant on ne peut s’empêcher de rappeler l’acharnement administratif et judiciaire qui entoure l’affaire du lycée privé musulman de Lille, au point que le président de la Région des Hauts-de-France Xavier Bertrand et le Préfet sont à deux doigts d’obtenir la fermeture de cet établissement. Pour beaucoup moins que ce qui est dit sur le collège-lycée privée Stanislas celui de Lille a été accusé de graves dérives sur les principes de la laïcité. Et circonstance aggravante, selon ses détracteurs : il est financé par le Qatar…

Il est difficile de ne pas voir dans ces deux cas une différence de traitement, entre un établissement dont on maquille et cache les écarts, et un autre vilipendé publiquement et dont exige la fermeture définitive. De toute évidence la nouvelle ministre est très attendue sur ces deux dossiers. Et de sa capacité à se mouvoir sur ce terrain miné dépendra son avenir politique…

 

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