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France-Retraites : DSK plombe le moral de Macron, en attendant l’agitation de demain

France-Retraites : DSK plombe le moral de Macron, en attendant l’agitation de demain

Le président Emmanuel Macron anticipe la montée de fièvre qui suivra forcément la validation de sa réforme des retraites par le Conseil constitutionnel, demain vendredi 14 avril. Le chef de l’Etat a invité les syndicats à “échanger“, parce que le pays doit “le pays doit continuer d’avancer”. Une voix qui compte beaucoup, celle de Dominique Strauss-Kahn (DSK), fracasse tout…

L’ex-président François Hollande, le pourfendeur de Macron devant l’Eternel, a cédé sa place à DSK, ancien patron du FMI et dont le destin présidentiel s’est brisé net à New York en mai 2011, après de terribles accusations d’agression sexuelle. L’ancien ministre de l’Economie, qui coule des jours heureux sous le soleil marocain, a pondu un billet très sévère et intitulé «La cinquième erreur» – en référence à la 5ème République.

Le texte, publié sur les réseaux sociaux, invite le chef de l’Etat à reprendre langue avec les corps intermédiaires et à enterrer la réforme des retraites telle que défendue par la majorité pour éviter un drame national. «La France est dans un triste état. Il suffit de lire la presse étrangère pour s’en convaincre», a asséné DSK, avant d’attaquer les quatre erreurs majeures de Macron.

La première erreur est le «timing» – elle a aussi été soulignée par Hollande, l’opposition et quasiment tous les analystes. L’ancien directeur général du FMI pointe l’impact de la crise économique et de l’érosion du pouvoir d’achat du fait de l’inflation, surtout sur les catégories les plus démunies…

«Si comme nous l’apprend un sondage récent, près de la moitié des Français les plus modestes ont été amenés à supprimer un repas par jour, alors c’est là qu’est l’urgence», martèle l’ancien ministre.

La deuxième erreur de Macron a trait à la méthode, toujours d’après DSK. «Aujourd’hui, ce n’est pas l’âge de la retraite qu’il faut changer, c’est la conception même du système. C’est cette réforme systémique qu’en 2017 un candidat à la présidence de la République disait, à juste raison, vouloir entreprendre. Mais il a ensuite abandonné subrepticement cette voie», souligne l’ancien Professeur en économie.

«Pourtant, nous devons sortir d’un système qui repose sur l’âge de départ à la retraite pour construire un système fondé sur la durée de cotisation. L’âge couperet disparaîtrait alors. La durée de cotisation s’ajusterait lentement et régulièrement avec l’évolution des besoins de financement», propose-t-il.

La “troisième erreur” est “stratégique“. “La France n’est pas un pays dans lequel on peut mener une réforme sociale d’envergure en se référant uniquement à un rapport de force politique et en négligeant le rapport de force social”, a dit l’ancien ministre…

Il a ajouté : «Personne ne pourra dire que nous n’avions pas été prévenus. Dès son essai de 2016, notre Président, alors candidat, disait le peu de confiance qu’il a dans les corps intermédiaire… Cette stratégie purement politique était vouée à l’échec. Non pas qu’il eût été impossible d’attirer quelques députés LR de plus pour faire voter le projet à l’Assemblée, mais parce qu’on ne peut gouverner un pays en lui imposant une réforme que les trois quarts des citoyens rejettent», lâche DSK.

«François Mitterrand l’avait bien compris quand, le 14 juillet 1984, bien que disposant d’une majorité à l’Assemblée, il annonçait le retrait du projet de loi visant à intégrer les écoles privées dans un Grand service public de l’Éducation Nationale fusse-t-il au prix de la démission, le 17, de Pierre Mauroy et d’Alain Savary», a dit par ailleurs l’ancien patron du FMI.

Enfin la quatrième erreur est très logiquement le «passage en force du 49.3», qui augure le pire pour la France, toujours selon DSK. «Sauf si le Conseil constitutionnel en décide autrement, la loi risque, à sa publication, de relancer le cycle de violences. On peut l’éviter en repoussant cette publication jusqu’à ce qu’un point d’équilibre ait été trouvé avec les forces sociales. Faute de quoi, demain sur le sujet des retraites, après-demain sur un autre, avec comme perspective historique un avenir politique de plus en plus brun», indique l’économiste.

 

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