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France : Un rapport parlementaire sur les pions et espions placés par la Russie, la Chine et la Turquie

France : Un rapport parlementaire sur les pions et espions placés par la Russie, la Chine et la Turquie

Pendant que le président Emmanuel Macron dispute des places à la Russie et à la Chine en Asie centrale un rapport annuel de la délégation parlementaire au renseignement pointe les étranges pratiques des sbires de Moscou et Pékin en France. Le document parle aussi de la Turquie. La chose se sait et se pratique partout dans le monde, dans les lieux d’influence, jusqu’à Washington, jusqu’au Congrès américain, notamment les lobbyistes russes pour “vendre” la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine ; jusqu’au Parlement européen – tout le monde se souvient des déflagrations du “Qatargate” en décembre 2022 -, etc. Mais là on va parler des chevaux de Troie qui se sont glissés en France…

L’ingérence étrangère a muté pour devenir une menace “protéiforme, omniprésente et durable” et la France face à ça affiche de sérieuses “vulnérabilités“, indique un rapport annuel de la délégation parlementaire au renseignement, relaté ce jeudi 2 novembre par Le Parisien et que BFMTV. “Le niveau de menaces d’ingérences étrangères se situe à un stade élevé dans un contexte international tendu et décomplexé“, disent les auteurs du rapport.

Certes les services de renseignement ont dans leur arsenal “divers moyens d’entrave pour contrecarrer les ingérences étrangères“, mais ces systèmes ne “suffisent pas à eux seuls dans la durée“, ajoutent-ils…

Pour pallier ces carences les députés proposent la mise en place d’un “dispositif législatif ad hoc de prévention des ingérences étrangères sur le modèle de la loi américaine“, l’adoption d’un système de gel des biens pour “toute personne ou structure se livrant à des actions préjudiciables au maintien de la cohésion nationale ou destinée à favoriser les intérêts d’une puissance étrangère“.

Par ailleurs les rédacteurs du rapport suggèrent “une réponse européenne” et sont d’avis que les différentes stratégies de riposte pourraient être regroupées “dans un projet de loi dédié à la lutte contre les ingérences étrangères“. La délégation souligne que ce danger a pris “une nouvelle ampleur ces dernières années, en raison d’abord d’un changement “radical du contexte géopolitique“…

Nous sommes passés brutalement d’un monde de compétition à un monde de confrontation avec d’un côté les régimes autoritaires et de l’autre les démocraties occidentales (…). Ce clivage entre l’Occident et le reste du monde s’impose (…) comme le marqueur dominant de la période actuelle“, d’après le document.

Les fausses nouvelles sont les armes d’une guerre conduite contre l’Occident“. Et à ce jeu-là la Russie est la plus forte. Moscou a même “sa signature“, ses techniques et elles sont redoutables. L’infiltration en fait partie, par exemple la nomination d’anciens responsables européens dans les Conseils d’administration de grandes sociétés russes, comme l’ont été l’ex-Premier ministre français François Fillon ou l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder.

Il y a aussi la manipulation de l’information, même si en France le bannissement des médias Russia Today et Sputnik a “permis de diminuer la portée de la guerre informationnelle” de la Russie.

Il ne faut pas négliger la Chine de Xi Jinping, très efficace avec son “front uni“, une “stratégie politique et un réseau d’institutions publiques et privées et d’individus clés, placés sous le contrôle du parti communiste chinois“. Les ressortissants chinois (600.000 en France) sont un maillon clé dans ce dispositif

Enfin il y a la Turquie qui depuis l’arrivée de Recep Tayyip Erdoğan au sommet du pouvoir – en 2014 – ne cache même plus son ambition “de contrôler la diaspora turque en tant que relai des idées du pouvoir d’Ankara, c’est-à-dire hostiles aux Kurdes et aux Arméniens“. Le rapport pointe la “pratique religieuse“, “puissant levier pour promouvoir une idéologie politique“.

Le document souligne le financement des lieux de culte en France et l’affectation d’imams turcs dans les mosquées françaises qui a “permis à la Turquie de peser sur l’islam de France“. Ce système est interdit depuis.. mais ses effets perdurent.

Ankara s’infiltre également par “l’entrisme en politique via la participation aux élections locales et nationales“, à travers un activisme sur les réseaux sociaux pour propager des messages hostiles à une législation, comme celle sur le séparatisme religieux.

Tous ces phénomènes prospèrent sur la “naïveté” des élus, hauts fonctionnaires mais également des entreprises et milieux académiques, écrit le rapport.

Enfin le document insiste sur la nécessité de faire attention à des formes d’espionnage plus discrètes et qui peuvent être l’oeuvre des “alliés” historiques de la France, comme ce fut le cas avec l’affaire Pegasus, du nom du fameux logiciel espion israélien dont le Maroc se serait servi pour pirater les données téléphoniques du président Macron. Depuis juin 2022 les deux pays sont à couteaux tirés et Israël a tari les sources de Rabat.

 

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