A quoi faut-il s’attendre après la déroute sans précédent de l’armée israélienne et surtout des services de renseignement ? Et bien à la même chose que les fois dernières : à un déchaînement de violence de la part de Tsahal. «J’ai ordonné un siège complet de la bande de Gaza», a annoncé ce lundi 9 octobre le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant. «Pas d’électricité, pas de nourriture, pas de gaz, tout est fermé», a-t-il indiqué lors d’une réunion avec le commandement sud de Tsahal. On en est là…
Washington, Paris et Berlin et tous les autres fermeront les yeux
Alors il faut s’attendre à des morts, encore plus, des centaines voire plus, surtout côté palestinien. Qui empêchera les militaires israéliens de commettre des crimes de masse, aveuglément, des destructions de maisons par centaines, une asphyxie totale du peu qui reste de l’économie locale ? Personne ne les en empêchera, bien au contraire. Les USA ont tout de suite clamé leur soutien indéfectible à Israël, “gravé sur le marbre“, quoi qu’il se passe. Washington a annoncé dans la foulée une aide militaire à Tel Aviv, des munitions notamment, en sachant très bien ce que Tsahal en fera dans les jours et semaines à venir.
La France n’empêchera pas non plus ce carnage annoncé à Gaza, au nom du droit d’Israël de se défendre, a l’habitude de dire Paris. Cette fois l’exécutif français n’a pas adopté sa traditionnelle posture diplomatique équidistante entre les deux parties, ne s’est même pas donné la peine de rappeler le comportement inqualifiable des colons israéliens à la mosquée Al-Aqsa début octobre, avec ce qu’elle représente pour les Palestiniens et les musulmans du monde entier. Ce qui d’ailleurs a accéléré les événements sanglants de samedi dernier…
Le président français Emmanuel Macron ne s’est pas embarrassé de ces considérations, il a sauté à pieds joints et pris fait et cause pour Israël. Sur ce dossier comme sur beaucoup d’autres il a tenu à assumer son style décomplexé, franc du collier, très loin des précautions de langage que prenaient le général de Gaulle, le président Jacques Chirac ou encore l’ex-président François Hollande. Macron a taillé dans le vif au risque de donner du grain à moudre à cette guerre de civilisation dans laquelle George W. Bush a failli plonger le monde avec son incursion en Irak en 2003.
L’Allemagne aussi, qui a les liens que l’on sait avec Israël, n’a pas fait montre de sa mesure et de ses nuances habituelles. Pire : Berlin a décidé de geler, «provisoirement» dit-il, l’aide au développement aux Palestiniens, en attendant le «contrôle» de son usage, a fait savoir ce lundi 9 octobre une porte-parole du ministère du Développement. «Cela signifie que (l’aide) n’est pas versée pour le moment, pendant le contrôle, mais cela ne veut pas dire que cela est arrêté» définitivement, a indiqué la porte-parole dans un point presse du gouvernement.
L’Iran fera le service minimum pour le Hamas, le Hezbollah libanais aussi
Les événements sanglants de samedi dernier servent les affaires du gouvernement le plus à droite dans toute l’Histoire d’Israël, avec à sa tête Benjamin Netanyahu, qui n’aurait jamais dû revenir au pouvoir avec toutes les casseroles judiciaires qu’il traîne. Mais voilà, oubliés les mois de contestation, de manifestation pour cause de dérives démocratiques, Netanyahu a maintenant de quoi les faire taire en fédérant la nation autour d’une pseudo unité nationale que les Palestiniens payeront très cher…
Depuis qu’il est revenu aux manettes il n’a posé aucun dans le sens de la pacification de ses liens avec les Palestiniens. Il a fait exactement le contraire en accélérant la colonisation, les humiliations et brimades. Et quand il y a une réaction en face il fait ce qu’il a fait à Jenine en juillet dernier : il ordonne une expédition punitive et à chaque fois les Palestiniens perdent un peu plus de terres, de dignité, de perspectives d’avenir. Cela fait des décennies que ça dure, avec certes des décélérations quand la gauche est au pouvoir mais dans le fond rien n’a changé depuis la création de l’Etat d’Israël.
C’est ce scénario macabre qui va encore se répéter dans les jours et semaines à venir, et les Palestiniens seront les seuls à affronter la tempête. Il ne faut pas se fier à l’exaltation du parrain du Hamas, l’Iran, il ne viendra pas se battre sur le terrain. D’ailleurs Téhéran n’assume même pas son statut de soutien de la branche armée du Hamas et vient de dire qu’il n’est pour rien dans les attaques de samedi. Quand au Hezbollah libanais il se contentera de balancer des roquettes à bonne distance…
Aucune issue tant que Netanyahu et le Hamas auront les clés
Donc c’est tout vu : Ce sera un massacre à huit clos, avec l’accord tacite des Occidentaux, et cette fois l’horreur dépassera tout ce qu’on a vu jusqu’ici… à moins d’un miracle, mais les miracles par les temps qui courent… Bien entendu ce ne sera pas la fin de la Palestine, la chose matériellement est impossible, mais de toute évidence les populations civiles palestiniennes payeront un lourd tribut et le rêve d’un Etat palestinien digne de ce nom reculera encore un peu plus.
Dans quelques semaines, quand les armes se seront tues et que les deux parties auront compté et enterré leurs morts leurs soutiens – je parle de l’Arabie saoudite et des USA essentiellement – obligeront les deux belligérants à reparler paix car c’est la seule issue. Tous les conflits, toutes les guerres finissent à la table des négociations, inéluctablement. Il en est ainsi depuis la nuit des temps, il en sera ainsi entre Israël et la Palestine. Il n’y a aucune autre voie de sortie.
Quand les deux parties estimeront que cette guerre a fait suffisamment de morts, qu’elle ne nourrit que les extrémistes, des deux côtés, que ce conflit ne fait les affaires de personne sauf des élites qui en vivent grassement, confisquent le pouvoir et dont les enfants planqués à l’étranger ne meurent pas pour cette cause, alors tout le monde s’assoira pour négocier sérieusement la paix. On n’en est pas encore là, pas tant que Netanyahu est à la tête d’Israël et en face le Hamas qui dicte sa loi à Gaza…
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